Un livre gros comme un bottin est sorti jeudi 27 février en librairie : 450 pages qui recensent les élus condamnés en justice. Signé Graziella Riou Harchaoui et Philippe Pascot, Délit d'élus - 400 politiques aux prises avec la justice (éditions Max Milo) est un dictionnaire pour rafraîchir la mémoire des électeurs à trois semaines des municipales.
C'est un "Who's who" dans lequel on n'a sûrement pas envie de figurer. L'ouvrage recense tous les élus qui ont été condamnés et - c'est plus contestable - qui ont été mis en examen. Cela dit, cette encyclopédie de l'élu ripou a le mérite de rappeler qu'une sentence judiciaire n'entraîne pas forcément une condamnation par les urnes.
En exergue de ce livre, pourrait figurer la célèbre maxime de Edouard Herriot. L'ancien maire de Lyon disait en son temps : "La politique, c'est comme l'andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop". Autrement dit, il faut avoir avoir un peu les mains sales pour être élu. Vrai ou faux ? Non évidemment, il n'y a pas de prime électorale à celui qui aura triché ou magouillé. En revanche, on le voit à chaque scrutin (on va le voir encore fin mars) : avoir été condamné, et parfois lourdement, n'empêche pas d'être réélu, et parfois triomphalement.
Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Quand un ministre est surpris les mains dans le pot de confiture, la vie politique est largement compromise. Suivez mon regard ! Pour les autres (députés, sénateurs, et plus encore pour les maires), c'est différent. Pourquoi ? Certes, les électeurs réclament de plus en plus de probité et de transparence, c'est évident. Ils attendent des élus l'exemplarité.
Cela dit, il y a les exigences théoriques, et les attentes pragmatiques. Disons que la logique judiciaire n'est pas la logique populaire. Aux élections locales, la compétence et la proximité accordent une forme d'absolution. Qu'on le veuille ou non, les électeurs se disent : "Si cet élu est malin pour lui, même en trichant, il sera malin pour nous. S'il s'occupe bien de ses propres intérêts, il saura s'occuper des nôtres".
On peut le regretter, mais le profil boy-scout d'un candidat local pèse peu face au clientélisme. Ce qui compte, c'est que la route soit goudronnée, que les parcs soient entretenus, que les écoles fonctionnent, qu'il y ait de la sécurité. C'est cela qui pèse au moment de mettre le bulletin dans l'urne.
L'exemple par excellence de cette exigence contradictoire, c'est Patrick Balkany à Levallois-Perret. Une condamnation pour prise illégale d'intérêt, un endettement record de la commune, des menaces de poursuites judiciaires dans plusieurs affaires. Mais trente ans de règne grâce à la qualité de vie offerte aux administrés. C'est cela aussi aussi la démocratie.
L'UMP Roger Karoutchi avait eu cette phrase, qui résume bien cette indulgence à géographie variable : "Les électeurs sont exigeants à l'égard de ceux qu'ils ne connaissent pas. Ils sont plus regardants sur la conduite morale d'un responsable politique lointain à Paris que sur celui qui les bichonne au quotidien".
Certains voudraient rendre inéligibles les élus condamnés. Est-ce une solution ? La proposition émerge à chaque crise. On peut être séduit par cette exigence. Après tout, pour représenter le peuple, quel que soit l'échelon électoral, mieux vaut ne pas être passé par la case justice (à moins d'avoir été blanchi). Cela semble être assez logique.
Les adversaires de cette mesure, qui sous-entend sans doute de réviser la Constitution, avancent que l'inéligibilité à vie renvoie à l'idée qu'on n'a pas le droit de se racheter. Or, toute personne condamnée pour un délit mineur, ou même un crime, a droit à un rachat. Vraiment ? Mais il y a bien certaines professions qu'on ne peut pas ou plus intégrer si son casier judiciaire n'est pas vierge. C'est une forme de bannissement qui existe pour les uns. Pourquoi pas pour les politiques ont franchi la ligne jaune ?
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