Démission d'Emmanuel Macron : "Nous ne vivons pas sur la même planète", lance Marisol Touraine
La ministre de la Santé réagit, dans "Le Grand Jury" de ce 4 septembre, à l'interview de l'ancien ministre de l'Économie dans le "Journal du Dimanche" parue le même jour.
"Nous ne vivons pas sur la même planète." En cette rentrée politique et à huit mois de la prochaine élection présidentielle, Marisol Touraine est membre d'un gouvernement tourneboulé par la démission d'Emmanuel Macron. Cette décision "est une déception, affirme sans détour la ministre. Ce n’est pas ma conception de la loyauté, de l’engagement politique". Invitée du Grand jury RTL / Le Figaro / LCI dimanche 4 septembre, la ministre de la Santé déplore "le bouillonnement de candidatures individuelles" et réagit aux propos de l'ancien ministre de l'Économie, qui s'exprime ce même dimanche dans Le Journal du dimanche.
"Quand je lis que ce qui compte, c'est la méthode et pas les solutions proposées au pays, je me dis 'nous ne vivons pas sur la même planète'", commente-t-elle. "Le libéralisme, c’est faire confiance aux réussites individuelles, c'est l'idée que l'on peut s'en sortir tout seul. Moi, je combats l’idée qu’au fond, ce qui compterait dans ce pays, c’est de permettre à chacun de s’en sortir tout seul. (...) Moi, je crois aux réussites, aux aventures collectives. Le progrès, ce n’est pas plus pour un individu, c’est plus pour tout le monde", affirme Marisol Touraine.
Nous avons bouleversé les conditions économiques de notre pays. Sans doute pas suffisamment, mais il faudra poursuivre sur ce chemin.
Marisol Touraine, ministre de la Santé
"Face à un pays qui doute - moins de la capacité individuelle des Français à aller de l’avant que de ce qu'est notre pays -, l’esprit de responsabilité c’est de proposer de l’apaisement, de la solidité et de la sérénité", martèle la ministre. "Les hommes seuls arrivent rarement au but, affirme-t-elle, peu confiante en la réussite individuelle d'Emmanuel Macron. Il faut évidemment ouvrir le débat politique, faire en sorte que ceux qui ont l’impression que leur parole n’est pas entendue puissent s’exprimer."
“Depuis quatre ans et demi, s’il y a bien une chose, qui est chevillée au corps, à l’âme de tout le gouvernement, c’est l’intérêt général", poursuit la ministre, décidément loyale coûte-que-coûte à l'équipe gouvernementale. Lorsqu'elle est confrontée à la hausse de 700.000 chômeurs depuis 2012, la ministre rétorque du tac au tac. "Nous avons bouleversé les conditions économiques de notre pays. Sans doute pas suffisamment, mais il faudra poursuivre sur ce chemin. La ligne de force de ce gouvernement est de moderniser notre économie tout en garantissant la protection et l’innovation sociale", affirme Marisol Touraine, qui dit "combattre les archaïsmes d’où qu’ils viennent”.
Dans le JDD, Emmanuel Macron réaffirme son idée selon laquelle la politique ne traite pas suffisamment des sujets de vie quotidienne. "Cela fait vingt ans qu’on en parle, s'agace Marisol Touraine. Ce gouvernement est intervenu pour, par exemple, permettre aux femmes de ne pas avoir à choisir entre avoir des enfants et leur vie professionnelle. Ce qui m’intéresse, c’est qu’est-ce qu’on propose au pays. Qu’on me dise, qu’on me propose ce que je n’ai pas fait. Aujourd'hui, nous manquons de propositions".
