Alba Ventura : "Quand Montebourg donne des vapeurs aux écolos"

Nouvelle montée de tension au gouvernement autour de la question hypersensible du gaz de schiste. On a assisté cette semaine à un échange musclé entre Arnaud Montebourg et Cécile Duflot. "On peut avoir des désaccords dans une coalition majoritaire avec nos amis les Verts, mais je n'admets pas que l'on soit victime d'une forme de terrorisme intellectuel", a déclaré le ministre du Redressement productif.

Rapport explosif

C'est un feuilleton. Ça ne s'est jamais arrêté. C'est le débat qui n'en finit pas entre Montebourg et les écolos. Régulièrement, il y a un petit pic de fièvre. Une fois sur le nucléaire, une fois sur le gaz de schiste.

Cette fois, c'est un rapport que le ministre du Redressement productif garderait secrètement dans son  bureau. Un rapport explosif qui défend une technique soit disant "propre" d'exploitation du gaz de schiste, et que Montebourg envisagerait de publier après les municipales. Histoire de ne pas polluer les élections... C'est un peu raté !

Cela a fait sortir de son silence Cécile Duflot. La ministre du Logement a rappelé l'interdiction de l'exploitation du gaz de schiste. Comme Montebourg n'est jamais avare d'une provocation, il promet une "exploitation écologique". De quoi donner des vapeurs aux Verts.

Montebourg, Fontenoy : même combat

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Certes, Montebourg est un peu seul au gouvernement sur cette position. Ceux qui le soutiennent font preuve de beaucoup de discrétion. Sa principe alliée, c'est Maud Fontenoy, la navigatrice qui a traversé l'Atlantique à la rame. Vice-présidente du Conservatoire du Littoral, elle est aussi présidente de la Fondation en faveur des océans. Dans une interview jeudi au Parisien, elle a affirmé que "le gaz de schiste est devenu un atout écologique".

Montebourg, Fontenoy : même combat. Chez les écolos, les bras leur en tombent. Facteur aggravant : Maud Fontenoy est étiquetée UMP, proche de Sarkozy et de Copé. Pire : elle vient d'écrire un livre intitulé Ras le bol des écolos.

Voilà en tout cas qui réveille une nouvelle fois cette vieille tension entre "écologie" et "emploi". C'est le combat entre la préservation de la planète, et des générations futures et le gaz de schiste qui créerait des tas d'emplois, qui ferait baisser notre facture de gaz et qui permettrait d'investir dans des énergies renouvelables.

Porte de sortie

Si François Hollande donne raison à Arnaud Montebourg, on ne voit comment les écologistes peuvent rester au gouvernement. Cela fait des mois qu'ils avalent des couleuvres grosses comme des boas. Ils ont dû pratiquer la méditation transcendantale au moment du "pacte de responsabilité" avec les entreprises. Est-ce qu'il ferait une chose pareille au moment où les Verts fêtent leurs trente ans ?

François Hollande avait dit que sous sa présidence, il n'y aurait "ni exploitation, ni exploration". Mais parlait-il seulement d'une technique, ou de toutes les techniques ? Une ambiguïté comme une porte de sortie que le chef de l'État se ménage. Car il faut se souvenir que dans le rapport Gallois, il était question de recherche sur des techniques alternatives à la fracturation hydraulique.
 
Et cette semaine, la porte-parole du gouvernement n'a pas tellement fait preuve de clarté, quand elle lâche qu'on "ne va évidemment pas empêcher la recherche d'avancer sur ces sujets".

Bien sûr, François Hollande sait très bien qu'il ne peut pas se payer une guerre avec les écologistes. Pour l'instant, les Français semblent de leur côté. C'est sans doute ce qui explique que le débat est loin d'être terminé pour Hollande, le social-démocrate et pragmatique, déchiré entre transition énergétique et pouvoir d'achat.

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