Deux mois après l'affaire de l'appartement et du bureau de Thierry Lepaon, le numéro un de la CGT a remis son mandat en jeu mardi 6 janvier. Le syndicat aurait pu se passer de cette crise.
Le principal intéressé disait : "Je ne suis pas le rat qui quitte le navire". Mais il aura quand même été la moule qui s'accroche à son rocher. Thierry Lepaon aurait dû remettre son mandat plus tôt, et s'éviter des semaines et des semaines de critiques et d'humiliation.
Il a fallu le coup de grâce de l'ancien secrétaire général Louis Viannet, 81 ans. Il était devenu urgent d'arrêter les frais.
Thierry Lepaon affirme qu'il a respecté les règles. Mais on ne badine pas avec l'argent, surtout quand il n'est pas à vous. L'argent de la CGT, c'est l'argent des "adhérents" de la CGT. Comme tous les syndicats, c'est l'argent de la formation professionnelle, c'est l'argent des système sociaux de prévoyance et des CE.
Il faut se souvenir qu'on a demandé à un ministre de l'Économie, Hervé Gaymard - à l'époque dans le gouvernement Raffarin -, de démissionner pour des travaux autour d'un escalier dans son appartement de fonction. L'exemplarité, ça ne vaut pas que pour les hommes politiques. Cela vaut aussi pour les représentants syndicaux, qui sont eux aussi désignés.
Toutes ces affaires de dépenses de Thierry Lepaon, c'est dévastateur pour la CGT, le syndicat des ouvriers de la Régie Renault de Billancourt. Cela dit, ce syndicat ne se comporte pas mieux que ceux dont elle dénonce les méthodes. C'était quand même le minimum syndical que Thierry Lepaon remette enfin son mandat en jeu.
Le problème de la personne de Thierry Lepaon est quasiment réglé. Mais Thierry Lepaon, c'était un détonateur, même s'il a des responsabilités. En revanche, le problème de la CGT reste tout entier. C'est un syndicat en crise, plongé dans une période compliquée, une période de doute.
Cette crise découle de l'effondrement du mur de Berlin, avec un lien qui a été "mal coupé" entre le PCF et la CGT. Tout cela a donné lieu à des querelles internes extrêmement vives entre ceux que l'on appelle les refondateurs réformistes, proches de Bernard Thibault (l'ancien leader de la CGT), et les partisans d'une ligne dure, comme Louis Viannet, qui veulent prendre leur revanche.
Un syndicat reste un contre-pouvoir nécessaire, à condition qu'il soit fort et intelligent
Alba Ventura
Aujourd'hui, la CGT est un syndicat qui va très mal. Elle a moins de militants et s'est éloignée des salariés. Elle a perdu du terrain dans les élections professionnelles.
C'est une vraie difficulté pour le dialogue social. C'est une difficulté d'abord pour le gouvernement : aujourd'hui, on obtient un accord social avec des syndicats. C'est aussi une difficulté pour le Medef, qui a besoin de partenaires puissants.
C'est enfin une difficulté pour les salariés. Même si les syndicats manquent terriblement de crédibilité aux yeux des Français, un syndicat reste un contre-pouvoir nécessaire. À condition qu'il soit fort et intelligent.
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