Deux hommes tirent leur épingle du jeu des sondages en ce moment : Laurent Fabius et Alain Juppé. Le premier est devenu le ministre préféré des Français pour l'Ifop ; le second, personnalité préférée pour CSA. Comment expliquer ce retour d'affection ?
Fabius et Juppé "superstars" : c'est le retour des meilleurs d'entre nous. "Le meilleur d'entre nous", c'est comme cela que Jacques Chirac parlait d'Alain Juppé. Mais ça vaut aussi pour Laurent Fabius, plus jeune premier ministre à 37 ans. C'est la prime à l'expérience et à la sagesse. C'est le retour des plus beaux CV de la République.
Qui aurait pu imaginer que les Français s'entichent de Juppé longtemps détesté, l'homme de la "tentation de Venise", exilé au Québec puis réfugié dans sa ville de Bordeaux ? Et qui aurait pu dire que Fabius, longtemps disqualifié, surnommé le "serial loser" par le "Nouvel Obs" il y a seulement trois ans, pas même présent à la dernière primaire socialiste, terminant dernier à la primaire de 2006, devienne aujourd'hui un incontournable ?
Comment expliquer cela ? Il se passe que ça va mal, à droite et à gauche, et que les électeurs doutent de tout et de tout le monde. La droite est divisée. L'UMP est minée par la guerre des chefs. Le retour de Sarkozy ? Ce n'est pas du tout cuit. Les militants doutent de la ligne politique de leur parti, qui varie sans cesse. Juppé, dans cette tornade, apparait comme le point fixe. J'allais dire la "force tranquille", mais oui. Il est droit dans ses valeurs.
La gauche, elle, est affaiblie. Le gouvernement est taxé d'amateur. Le PS n'a pas de tête. Même motif, même promotion : Fabius, c'est le chevronné, le professionnel, celui qui sait faire.
Plus la droite est fracturée, plus Juppé monte. Plus le gouvernement s'embourbe, plus Fabius est l'homme de la situation. C'est ce qu'on appelle un "effet de contraste" : la prime à ceux qui ont de la hauteur. Ils sont tous les deux aujourd'hui ce que l'on appelle des "valeurs refuge".
Est-ce que cela leur redonne de la valeur pour la suite ? Pour 2017, on peut tout imaginer. Mais pas de la même manière pour l'un et l'autre. Juppé comme Fabius n'ont jamais cessé de penser à la présidentielle. Ils ont été programmés pour ça, par Chirac et Mitterrand. Forcément dans un coin de leur tête, il y a toujours ce projet. On ne renonce pas comme ça.
Mais être une valeur refuge dans la tempête, ça ne fait pas de vous le candidat miracle. Pour la Présidentielle, on joue gagnant, on ne joue pas seulement "placé".
Mais c'est vrai qu'il y a un effet Juppé. Il est loin de Paris, il se tient à l'écart des bisbilles, il profite de ses excellents sondages sur Bordeaux où il pourrait l'emporter dès le premier tour. Il est en position, si Nicolas Sarkozy ne peut pas revenir.
Laurent Fabius, lui, ce n'est pas pour l'Élysée, c'est pour Matignon. D'abord parce qu'il y a un président sortant. Ensuite, il y a un effet de circonstance : c'est son exposition médiatique. On le voit partout dans le monde : Ukraine, Bruxelles, Syrie... Il est mis en valeur par son ministère.
Voilà pourquoi, ils cassent la baraque dans les sondages. Vous savez ce qu'ont dit des sondages ? "Mépriser les hauts, repriser les bas". Ils sont en haut, ils vont essayer d'en profiter. Mais ils savent aussi, l'un et l'autre, que les Français changent vite de cheval.
En tout cas, pour ces jumeaux du pouvoir - presque jumeaux en âge (67 et 68 ans) -, ce sera de toute façon la dernière cartouche. Il n'y en aura pas d'autres. Quand c'est la dernière, on la joue toujours à fond.
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