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Un prévisionniste de Météo France (illustration)
Crédit : Richard BOUHET / AFP
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Il y a de l'orage dans l'air chez Météo France. La CGT, FO et Solidaires entament une grève jusqu'au 7 janvier. Que se passe-t-il chez Météo France ?
L'automatisation. Le poids croissant des algorithmes, des ordinateurs et de l'intelligence artificielle finissent par détruire des emplois. C'est la même perte de sens et la même souffrance que celle des aides-soignants dans les hôpitaux ou des conseillers clientèle dans les agences bancaires : les métiers sont remplacés petit à petit par la machine. Cependant, la météo reste bien diffusée, puisqu'il s'agit d'une grève perlée, c'est-à-dire qu'elle n'a pas lieu tout le temps. Il y a une astreinte pour les alertes météo afin d'éviter d'être surpris par un orage, des inondations ou une tempête.
Le cœur du malaise derrière cette grève est le dépassement de l'ordinateur par l'Homme. Le "Programme Prévisions Production" rédige automatiquement des prévisions pour les prochaines heures. Si les ordinateurs analysent les données satellites depuis longtemps, avant, un prévisionniste interprétait ces données et les corrigeait et les transmettait à un agent régional qui pouvait encore affiner les résultats, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
Désormais, l'ordinateur envoie directement sa prévision sur l'application Météo France et les ingénieurs travaillent uniquement après coup pour corriger d'éventuelles erreurs, ce qui est beaucoup moins gratifiant. Or, la moindre approximation peut être dramatique pour un agriculteur, un pêcheur ou pour faire décoller un avion.
Le but est de gagner du personnel. En 15 ans, l'effectif de Météo France est passé de 3.900 à 2.600 agents, soit une baisse d'un tiers. Dans le même temps, les missions se sont diversifiées, avec des études complémentaires sur le réchauffement climatique ou encore une cellule qui surveille les risques d'incendies. Selon les syndicats, il y a aujourd'hui 150 postes vacants, un chiffre qui va augmenter avec les départs en retraite. Or, il n'y a plus que 60 ingénieurs et techniciens qui sortent d'école chaque année.
La baisse des effectifs est quasiment mathématique, d'autant que l'intelligence artificielle apprend et devient de plus en plus précise, comme pour de nombreux métiers d'experts. Il y a quelques jours, dans la revue "Science", on découvrait que "GraphCast AI", un programme d'intelligence artificielle de Google, a annoncé l'arrivée de la tempête Lee sur le Canada en septembre avec trois jours d'avance sur les prévisionnistes humains. Sur 1.380 critères testés tels que la température à venir, la pression atmosphérique, les vents, l'ordinateur a été plus précis que l'Homme 9 fois sur 10. Sur des épisodes très localisés, comme un orage, la machine est encore un peu moins performante, mais ça ne va pas durer.
Quand le prévisionniste montre le nuage du doigt, le fou regarde le doigt. Ne soyons pas fous : cette grève, c'est un mouvement de survie de la profession face à la machine.
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