Viol et meurtre de Gala Mulard : Alain Delannoy condamné à 30 ans

Les assises de Haute-Loire ont condamné Alain Delannoy à 30 ans de réclusion pour le meurtre, le viol et la séquestration de Gala Mulard, lycéenne de 19 ans, en mars 2012.

Le militaire ayant retourné son arme contre son agresseur samedi à la gare du Nord est visé par une enquête (illustration).

Crédit : AFP / DAMIEN MEYER

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La peine a été assortie de 18 ans de sûreté. Alain Delannoy devra par ailleurs se soumettre à un suivi socio-judiciaire dont la durée n'a pas été précisée. L'accusé n'a pas réagi à l'énoncé du verdict que les proches de la victime ont écouté en se tenant par la main.

L'avocat général avait requis la réclusion à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté, en raison du "caractère insoutenable" des crimes et du "martyre" infligé à la jeune femme pendant près de 24 heures.

"Un désastre annoncé"

Dans une déclaration écrite diffusée avant le verdict, la mère de Gala avait écrit que "la punition ne suffit pas". "Les violences faites aux femmes ne sont pas des faits divers isolés. Elles sont l'expression la plus cruelle des inégalités hommes-femmes. Ce sont les mentalités sexistes qu'il faut changer si l'on veut que ces violences reculent", avait-elle déclaré.

Dans cette affaire singulière, où l'accusé a spontanément passé des aveux complets, estimant que "cent ans de prison" ne répareraient pas son crime, la défense s'était efforcée d'éviter la perpétuité en rappelant la vie chaotique de l'accusé et en écartant le risque de récidive.

"Il a commis des faits inhumains mais il a sa part d'humanité. On ne peut pas dire que c'est un monstre froid", a asséné Me Marcel Schott. "Son histoire familiale", marquée par l'alcoolisme de ses parents, la violence physique et sexuelle de son père et l'indifférence de sa mère, "c'était la chronique d'un désastre annoncé".

"Il en reste beaucoup dehors"

En larmes, Alain Delannoy avait raconté mercredi avoir enlevé Gala Mulard le 25 mars 2012 pour la violer, "pris d'une pulsion" alors qu'il la raccompagnait à Yssingeaux après une soirée chez des amis. Après l'avoir droguée et lui avoir infligé une nuit de sévices, il l'avait laissée seule une journée entière, bâillonnée et ligotée.

Rentré chez lui le lendemain, il avait découvert la jeune fille brûlante et secouée de convulsions, lui avait fait prendre un bain puis avait décidé, pris de panique, de la tuer et de l'enterrer pour "cacher" son crime.

"Je regretterai toute ma vie ce que j'ai fait", a-t-il déclaré vendredi, prenant la parole en dernier. Refermant le débat sur sa responsabilité pénale, il a assuré avoir eu "tous ses esprits" malgré une amnésie partielle sur les faits de la nuit, commis dans un brouillard de cannabis. L'expert-psychiatre avait un temps envisagé "la confusion mentale toxique", synonyme d'irresponsabilité.

L'enjeu de l'audience était de comprendre ce déchaînement de violence chez un homme sans antécédent judiciaire, qui avait construit une vie de famille et d'ouvrier après une enfance douloureuse et plusieurs années dans la rue.

"Toutes les personnes qui ont eu une enfance malheureuse ne sont pas pour autant devenues des violeurs ou des criminels", a balayé l'avocat général, pour qui personne n'a "forcé" Alain Delannoy à consommer massivement et chroniquement du cannabis.

Dans une plaidoirie subtile et émouvante, Me Karine Bourdié, pour les parties civiles, a trouvé "dingue que pas une fois, une assistante sociale n'a(it) poussé la porte du foyer Delannoy", espérant que le procès provoque "un ressaisissement national" sur la protection de l'enfance. "Il en reste beaucoup dehors, des Alain Delannoy, il en reste plein. Et il y a beaucoup de Gala, qui vont un jour croiser leur route", a-t-elle observé.