3 min de lecture

Scandale des eaux minérales : Nestlé et Sources Alma visés par deux enquêtes

Un juge parisien a décidé d'enquêter sur deux plaintes de l'association Foodwatch pour "tromperie" visant Nestlé et Sources Alma pour leur traitement, possiblement illicite, de leurs eaux minérales.

Deux enquêtes ont été ouvertes pour "tromperie" visant Nestlé et Sources Alma pour leur traitement, possiblement illicite, de leurs eaux minérales.

Crédit : JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

TOUT SAVOIR SUR - Le scandale des eaux minérales

00:03:14

Nathan Joubioux & AFP

Je m'abonne à la newsletter « Infos »

Le scandale des eaux minérales se poursuit. Ce jeudi 13 février, un juge parisien a décidé d'enquêter sur deux plaintes déposées par l'association Foodwatch pour "tromperie" visant Nestlé et Sources Alma. En cause, leur traitement, possiblement illicite, de leurs eaux minérales.

Après une première amende, le magistrat instructeur ouvre donc la porte à des investigations plus larges, allant à l'encontre des réquisitions du parquet de Paris, qui l'estimait incompétent territorialement, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, confirmant une information de Radio France et du Monde.

À l'automne dernier, Foodwatch avait déposé deux plaintes avec constitution de partie civile contre les pratiques de Nestlé Waters (Perrier, Hépar, Contrex, Vittel), filiale du géant suisse, et celles du groupe Sources Alma, leader en France des eaux minérales et de source (Cristalline, Saint-Yorre, Vichy Célestins...). De nombreuses infractions sont dans le viseur de l'association, dont la tromperie et les pratiques commerciales trompeuses.

Pour Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch, ces informations judiciaires sont "une excellente nouvelle". Elle dit espérer "casser le climat d'impunité et que la justice fasse toute la lumière sur les responsabilités de Nestlé Waters et Sources Alma, mais aussi sur le rôle des autorités publiques et particulièrement du gouvernement".

Accusation de lobbying

Cette affaire pourrait donc éclabousser, de nouveau, le pouvoir politique. Début février, Radio France et Le Monde avaient publié des éléments accusant la présidence et les services du Premier ministre d'avoir cédé au lobbying de Nestlé. 

À lire aussi

Les deux médias citaient une note de début 2023 du directeur général de la santé (DGS) Jérôme Salomon, qui recommandait de "suspendre immédiatement l'autorisation d'exploitation et de conditionnement de l'eau pour les sites Nestlé des Vosges" et d'étendre cette interdiction "au site d'embouteillage de Perrier (à Vergèze, dans le Gard)". Cette note, qui aurait été transmise au cabinet de la Première ministre, Élisabeth Borne, recommandait de refuser à Nestlé toute dérogation quant à la microfiltration, au risque d'un contentieux avec Bruxelles. 

Mais un mois plus tard, les cabinets de Matignon et de l'Élysée l'auraient autorisée, selon les deux médias. Emmanuel Macron avait rejeté toute "entente" ou "connivence" avec Nestlé.

Microfiltration

Dès novembre 2022, Médiacités avait indiqué que la répression des fraudes enquêtait sur "l'adjonction dissimulée de gaz carbonique industriel et d'une substance chimique interdite" dans des eaux de Sources Alma. 

Début 2024, visé à son tour par des révélations de Radio France et du Monde, Nestlé Waters avait reconnu avoir eu recours par le passé à des traitements interdits (filtres au charbon, UV) qu'il dit avoir depuis retirés, et avait indiqué en avoir avisé le gouvernement français en 2021. Après cette alerte et sans toutefois ébruiter l'affaire ni informer les consommateurs, les autorités avaient ensuite permis aux industriels d'utiliser des microfiltres avec un seuil de filtration inférieur à 0,8 micron, qui fait depuis 2001 office de jurisprudence, faute de précision dans la réglementation européenne.

Nestlé a, aujourd'hui, toujours recours à des systèmes de microfiltration à 0,2 micromètre, soulignant qu'ils ont été approuvés par le gouvernement en 2023 dans le cadre d'un plan de transformation soumis aux autorités. "Toutes nos eaux aujourd'hui sont pures à la source", avait affirmé le 7 février Muriel Lieneau, directrice générale de Nestlé Waters.

Dans une procédure visant spécifiquement ses eaux vosgiennes pour utilisation de traitements non autorisés sur les eaux minérales et exploitation de forages sans autorisation, Nestlé Waters a déjà payé en septembre une amende de deux millions d'euros pour échapper à un procès. Foodwatch avait jugé le montant dérisoire.

La rédaction vous recommande
À écouter aussi

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

S’abonner à la Newsletter RTL Info