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Esteban Morillo, 25 ans, arrive au tribunal de Paris le 4 septembre 20187, poursuivi pour coups mortels sur Clément Méric
Crédit : Eric FEFERBERG / AFP
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L'audience a eu quelques heures de retard. Alors que le procès devait s'ouvrir le 4 septembre au matin, elle est reportée à 13h45. Un des accusés, Samuel Dufour, est en effet absent du banc. Il a été interpellé brièvement lors d'un contrôle de police dans la matinée aux abords du palais de justice de Paris.
Il comparait libre pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner et encourt, comme Esteban Morillo, jusqu'à 25 ans de prison ferme. Un troisième accusé, Alexandre Eyraud, risque lui 5 ans de réclusion criminelle pour violences aggravées.
Tous les trois étaient présents lors de la rixe qui les opposait à Clément Méric, militant d'extrême-gauche. Le 5 juin 2013, l'antifa s'écroule après avoir reçu au moins trois coups mortels lors de la bagarre. Le lendemain, son décès est prononcé.
Les trois accusés qui appartenaient à des groupuscules d'extrême droite ont commencé à se défendre, à la barre de la cour d'assises. À commencer par Esteban Morillo, sur qui les témoignages se contredisent, notamment à propos du port, ou non, d'un poing américain lors de la bagarre.
Il débarque dans la salle d'audience peigné, en costume noir. Depuis 5 ans, il a pris une quarantaine de kilos. Selon Streetpress, il a aussi pris soin de recouvrir son tatouage pétainiste : "Travail, Famille, Patrie", remplacé par le dessin d'un homme en costume-cravate. Le site Les Jours note également la repousse des cheveux sur le crâne des accusés.
À la barre, Esteban Morillo commence : "Je voudrais souligner à quel point je suis attristé par cette affaire. Ça me touche vraiment, je suis catastrophé". Suit alors l'examen de sa personnalité et son parcours de vie. Il est arrivé à Paris à 18 ans. C'est dans la capitale qu'il a rencontré ses fréquentations radicales, d'abord dans la défense des animaux avec son ex-petite amie, Katia V. "Puis, j'ai fait quelques temps à Troisième Voie, c'était un syndicat ni de droite, ni de gauche, avec une ambition solidariste", raconte-t-il.
À la question de la présidente Xavière Siméoni, pour savoir ce que ça veut dire "d'être skinhead", l'accusé répond : "C'est avoir un look : le crâne rasé, un blouson noir, de grosses chaussures. J'ai arrêté (...). Je ne voulais plus leur ressembler, c'étaient des gros bourrins."
Finalement, une des seules passions qu'il conserve depuis toutes ces années, concerne les animaux : il avait, à l'époque, "quatre chats, des rats, des lapins et un blaireau". Avec sa compagne actuelle, il rêve d'ouvrir "un refuge pour animaux maltraités".
Du côté des parties civiles, cette nouvelle apparence ne trompe pas. "Vous dites que vous avez changé, mais j'ai l'impression que vous avez gommé, simplement", lui assène Me Christian Saint-Palais, un des avocats de la famille Méric. Il se défend en expliquant que pour lui, c'est très difficile de rompre avec l'extrême droite, "c'est quelque chose qui me colle à la peau".
Le lendemain, mercredi 5 septembre, c'est au tour de Samuel Dufour d'être interrogé à la barre. Lui se présente en tee-shirt bleu marine avec des "petites lunettes", notent les journalistes sur place.
Une des questions du procès est de savoir s'il a utilisé un coup de poing américain pour frapper Clément Méric. Alors qu'il jure que non, un SMS qu'il a envoyé le soir-même à un ami laisse entendre le contraire : "J'ai frappé avec ton poing américain".
À la demande de la présidente, il explique à son tour ce que signifie "être skin" : "Au départ c'était pour moi porter un blouson 'bombers' et avoir le crâne rasé. Puis je suis allé de plus en plus au Local" (bar de Serge Ayoub leader nationaliste de Troisième Voie, dans le XVe arrondissement de Paris, ndlr).
Lui aussi a des tatouages, mais ne les a apparemment pas recouverts, faute d'argent. Comme Esteban Morillo, il a la toile d'araignée sous le coude, mais en référence au réalisateur Tim Burton, jure-t-il. Sur son corps, on trouve aussi le slogan nazi "Sang et honneur" ainsi qu'un cochon ailé parce qu'il "aime bien les cochons".
Lorsque son passé est évoqué, il minimise et répond que "c'est faux" ou "exagéré". Ses anciens camarades ont tout de même raconté qu'il était surnommé "Le führer", qu'il avait envoyé des lardons sur un élève venu d'Afrique du nord ou encore dessiné une croix gammée dans son établissement. Au sujet des antifas, il déclare d'abord qu'il ne savait pas ce que c'était avant le soir des faits, puis est mis devant ses contradictions par une avocate des parties civiles avec des photos de lui portant des slogans antifas.
Il reconnaît tout de même, à la différence d'Esteban Morillo, qu'il était bien skinhead en 2013, quand la rixe mortelle a éclaté. C'est en en rencontrant d'autres qu'il a "commencé aux alentours de 19 ans" à entrer dans ce milieu, au Local, le fameux bar. Samuel Dufour insiste pour clamer son innocence et affirmer qu'il n'a jamais frappé Clément Méric.
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