La maison d'arrêt de Nanterre a une méthode particulière pour faire face à la surpopulation carcérale : elle aurait fait signer pendant un mois à des détenus un document leur demandant d'"accepter" de dormir par terre sur des matelas.
D'après Le Canard Enchaîné le document stipulerait : "J'ai été informé de la surpopulation pénale" et "accepte de dormir sur un matelas par terre pour mon affectation en bâtiment A/B". Pour l'hebdomadaire satirique, l'administration pénitentiaire chercherait ainsi à "éviter les recours" contre "des conditions de détention inhumaines et dégradantes".
Contacté par l'AFP, le directeur de l'établissement, Jimmy Delliste, également secrétaire général du syndicat pénitentiaire FO-Direction, a confirmé que ce document a bien circulé en janvier, mais "en aucun cas, il n'y a eu volonté de se prémunir de quelconque recours, ce papier n'a aucune valeur juridique", a-t-il expliqué. "Ce n'est pas ce papier qui priverait les détenus de contester en justice leurs conditions de détention, et heureusement", a assuré de son côté François Bès, coordinateur de l'Observatoire international des prisons (OIP) pour l'Ile-de-France.
Pour le directeur de la maison d'arrêt, cette initiative, prise par un cadre pénitentiaire qui a "voulu bien faire", visait en fait à "informer" les détenus de la problématique de surpopulation dans cet établissement qui compte 1.050 détenus pour 592 places. Le papier - retiré après l'article du Canard enchaîné - a notamment été remis à des nouveaux détenus qui séjournent dans le quartier arrivants, lieu de prise en charge avant leur affectation définitive. "Les séjours dans le quartier arrivants s'allongeaient et il y avait des demandes de détenus pressés de rejoindre les bâtiments A et B", où ils ont alors accès aux activités proposées, selon le directeur. En cas de mécontentement, "l'idée était de garder une traçabilité" du fait "qu'ils avaient été avertis, en réalité cela aurait très bien pu être fait verbalement", a-t-il justifié, en reconnaissant la "maladresse administrative".
Selon les derniers chiffres publiés par l'administration pénitentiaire, 1.200 matelas au sol ont été recensés dans les prisons au 1er janvier, soit +19,3% sur un an. La France comptait 66.678 détenus à la même date.
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