Plus de quatre après les faits, le récit de la mort de Jean-Ronald d'Haïty, dit "Scra" marque toujours les esprits. Le soir du 8 mai 2010, une vingtaine de jeunes, majoritairement encagoulés ou encapuchonnés, se ruent place Foch à Millau (Aveyron) et forcent la porte de son appartement. Ils sont armés de couteaux, de battes de base-ball et même d'un sabre de samouraï. Jean-Ronald tente de fuir par une fenêtre. Il reçoit un coup de couteau dans le dos et un autre en plein cœur.
Les amis antillais avec lesquels il passe la soirée parviennent à s'échapper. L'un reste caché dans les toilettes. Trois autres sautent du deuxième étage : une femme se fracture alors une jambe tandis qu'un homme est attaqué à coups de couteau et assommé.
Pour traiter ce dossier compliqué, les jurés sont réquisitionnés pour deux mois, jusqu'à la fin novembre, et le palais de justice de Rodez a été spécialement réaménagé. Le procès devrait débuter réellement mardi, la première journée étant consacrée à la composition du jury et l'appel d'un grand nombre de témoins. Dix-huit hommes comparaissent pour "assassinat", "tentative d'assassinat" et "violences aggravées".
La peur des représailles, les menaces et les revirements dans les déclarations ont rendu l'enquête difficile mais le dossier évoque de "lourdes charges". L'accusation a reconstitué le scénario d'"une expédition punitive" visant "les Antillais". Elle pourrait avoir été menée par deux des accusés, deux frères nés à Millau, de famille marocaine : Morad Laanizi, 26 ans et Taoufik Laanizi, 32 ans.
Quelques semaines auparavant, Morad avait eu la mâchoire fracturée dans une bagarre avec un Antillais habitant à la même adresse que Jean-Ronald. Les investigations n'ont pas établi de liens entre ce conflit - au motif indéterminé - et un éventuel trafic de produits stupéfiants. Animés par l'esprit de vengeance, les deux frères auraient pu entraîner amis et connaissances dans l'"expédition punitive" afin d'"aller niquer les Blacks", selon diverses sources citées par l'accusation. Cependant, Taoufik Laanizi a toujours nié toute implication dans les faits.
L'avocat Henri Aimonetti, représentant la famille du défunt qui vit à Saint-Martin, évoque "un dossier compliqué dont l'instruction n'a peut-être pas démêlé tous les fils". "A priori personne n'est identifié comme étant le criminel (ayant porté les coups mortels, ndlr). Et sauf coup de théâtre lors des débats, la cour devra statuer sur un groupe d'individus", dit-il.
Pour lui, la victime était "un garçon qui n'avait pas de problèmes". "A priori il n'avait rien à voir avec la bagarre évoquée ni avec le trafic de drogue". "C'était un Saint-Martinois qui avait quitté son île pour venir à Millau et ne cherchait qu'à s'intégrer, un gamin calme, discret", renchérit un habitant de Millau, Yves Iscayesa, ancien postier d'origine guadeloupéenne.
Après le drame, une éphémère association "Scra" avait été créée. "On avait joué le rôle de grands frères pour faire retomber la tension, éviter des représailles, et il n'y avait pas eu de problèmes", raconte Yves Iscayesa. Car le drame "avait été marquant pour Millau, où il n'y a pas de banlieues ni de quartiers mal famés ni d'ailleurs de 'communauté antillaise' organisée", assure-t-il.
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