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Le lycée Maurice Ravel.
Crédit : KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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Philippe Le Guillou, proviseur du lycée Maurice-Ravel, à Paris dans le XVIIIe arrondissement, avait été menacé de mort à la suite du mensonge d'une élève. Cette dernière avait prétendu qu'il l'avait giflée après son refus d'enlever son voile. Sur les réseaux sociaux, tout s'était emballé. Et Philippe Le Guillou, à quelques mois de la retraite, avait dû quitter son poste prématurément.
Désormais, Philippe Le Guillou vit avec la peur, de chaque instant. Pour répondre à notre interview, il donne rendez-vous dans le bureau de son avocat, Me Francis Lec. Afin de donner le moins de renseignements possible sur sa vie privée, lui qui pense sans cesse, dit-il, "à Samuel Paty et à Dominique Bernard".
Si le proviseur sort du silence en ce moment dans plusieurs médias, c'est aussi pour contraindre la justice à "prendre ses responsabilités", plaide Me Lec. Le parquet a fait appel de la condamnation prononcée récemment à Paris, afin de soutenir le proviseur.
Les auteurs des menaces de mort à votre encontre ont été condamnés ; à Lisieux, à Paris, et à Bourg-en-Bresse. Que vous inspirent ces trois condamnations ?
"Au début, à Paris, lorsque j'ai assisté au délibéré, je ne me suis pas rendu compte. Je me suis dit 'Il est déclaré coupable, c'est bien'. Mais en fait, il a eu trois fois rien ! Un stage de citoyenneté, des jours-amende ! Il faut que les juges nous soutiennent, nous, personnels de l'Éducation nationale. À Bourg-en-Bresse, un autre auteur de menaces à mon encontre a été condamné, lui, à dix mois de prison avec sursis. C'est de mon point de vue difficilement compréhensible."
Lors de l'audience devant le tribunal correctionnel de Paris, planait l'ombre de l'assassinat de Samuel Paty. Suivez-vous le procès devant la cour d'assises spéciale de Paris ?
"Bien sûr, je le suis par la presse. Je reconnais, toutes proportions gardées, une certaine mauvaise foi des accusés dans le box. Comme ceux qui m'ont menacé de mort. Ils diluent leur responsabilité, mais ils sont chacun une partie de l'engrenage. J'ai été victime du même début d'engrenage que Samuel Paty. Mais heureusement, moi, j'ai été soutenu. Un soutien massif et total, de ma hiérarchie, de mes collègues, de parents d'élèves et même d'élèves. Ce que n'avait pas eu Samuel Paty à l'époque."
Pensez-vous que l'Éducation nationale a appris de ses erreurs et soutient mieux ses membres par rapport à ce type de menaces ?
"Je dis 'peut mieux faire'. J'ai été largement mieux soutenu que Samuel Paty, certes. Ma hiérarchie m'a protégé, en insistant pour que je me mette en retrait. Alors que moi je voulais continuer à travailler, terminer l'année. Le jour de ma retraite officielle était le 1ᵉʳ octobre 2024."
Pourquoi "peut mieux faire alors"?
"Au niveau individuel, l'Éducation nationale devrait prendre en charge un suivi psychologique. Moi, j'étais dans le déni, une posture "tout va bien, même pas peur". Mais dans le fond, ça n'allait pas et ma famille était aussi très marquée. Il a fallu gérer tout ça. Et au niveau de l'institution, j'aurais aimé un peu plus de suivi. Depuis ma retraite officielle, personne n'a pris de mes nouvelles directement. Même lorsque j'ai écrit à ma hiérarchie pour dire que j'allais témoigner au procès, que j'allais répondre à des journalistes... Rien."
Vous sentez-vous en danger encore aujourd'hui?
"Comme je me suis éloigné de Ravel, du quartier, je me suis rassuré. Mais si j'entends du bruit derrière moi lorsque je marche dans la rue, je regarde tout de suite ce qu'il se passe. Je suis aux aguets, pas serein. Fort heureusement, je ne suis pas victime d'une fatwa, mais j'évite d'être la cible d'un fou. Je ne montre pas ma tête dans les médias. Je vis avec ça, toujours, en toile de fond. Je prends d'immenses précautions. J'ai participé à un colloque sur la laïcité de la région Île-de-France, mais comme c'était rediffusé en direct sur YouTube, j'ai assisté à la table ronde caché dans la régie."
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