Des comédiens pour espionner la CGT dans des maisons de retraite

Des comédiens recrutés pour espionner les délégués syndicaux en entreprise. Ce scénario hollywoodien s'est joué dans plusieurs maisons de retraite du groupe Orpea, numéro 2 du secteur en Europe. Des pratiques révélées par le magazine L'Expansion en mars 2012, et détaillées début décembre dans Le Canard enchaîné. La CGT vient de porter plainte contre X.

De faux employés ont été embauchés en 2010 pour espionner le personnel. De gros moyens pour une mission assez dérisoire : pousser les chariots des personnes âgées, tout en laissant traîner une oreille indiscrète. Un des espions s'est même fait élire représentant du personnel pour être dans les petits papiers des syndicats. Ils coûtaient à l'entreprise près de 40.000 euros par mois. 

Le but, connaître la vie des salariés. L'avocat de la CGT, Me Sofiane Hakiki, dit avoir des preuves de cet espionnage : "Chaque semaine, un rapport rendait compte de l'activité syndicale, des faits et gestes des salariés, des amitiés et des inimitiés entre les uns et les autres... C'est même allé jusqu'à dénoncer un salarié qui aurait consommé du cannabis sur son lieu de travail."

Chaque semaine, un rapport rendait compte des faits et gestes des salariés.

Me Sofiane Hakiki

Quand les employés découvrent la supercherie, l'affaire d'espionnage se transforme en psychodrame : les collègues des maisons de retraite se sentent trahis, une employée doit même être arrêtée plusieurs mois pour dépression. Si la justice déclare l'entreprise coupable, les responsables encourent jusqu'à 5 ans de prison et près de 400.000 euros d'amende.

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