C'est un nouveau chapitre qui s'ouvre dans l'enquête sur le crash du vol AF447, qui reliait Rio à Paris. L'Airbus A330 s'est abîmé dans l'Océan Atlantique, au large du Brésil, le 1er juin 2009 et a fait 228 morts, l'ensemble des passagers et des membres d'équipage. Un rapport provisoire, remis aux juges le 20 décembre dernier, établit que la "cause directe" de l'accident "résulte des actions inadaptées en pilotage manuel" de l'équipage.
"Le pilotage manuel a été imposé par la déconnexion du pilote automatique consécutive au givrage des sondes" Pitot, ajoutent les trois experts. Ils listent ensuite une série de "causes indirectes", notamment une "insuffisance d'entraînement de l'équipage au pilotage à haute altitude", "une absence de formation au travail en équipage" à deux copilotes et l'absence initiale du commandant de bord.
Parmi les causes indirectes, les experts pointent également "l'ambiguïté du classement de la procédure Stall", l'alarme de décrochage mal interprétée par les pilotes, dans la documentation d'Airbus et d'Air France ainsi qu'une insuffisance dans la certification des sondes Pitot.
Le point de départ de l'accident est un givrage en vol des sondes Pitot, qui a conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l'Airbus A330 et désorienté les pilotes. Les défaillances de l'équipage ont d'abord été montrées du doigt, mais une première expertise judiciaire rendue à l'été 2012 pointait aussi des problèmes techniques et un déficit d'information des pilotes en cas de givrage des sondes, malgré une série d'incidents antérieurs.
"Nous ressentons la plus grande indignation, à la limite de l’écœurement", a réagi Danièle Lamy, présidente de l'association de victimes Entraide et solidarité AF447. "Le problème des sondes Pitot est balayé, on a l'impression qu'Airbus est intouchable", s'est émue la représentante de 360 proches de victimes françaises, brésiliennes et allemandes. "C'est toujours la faute des pilotes qui ne sont pas là pour se défendre", a-t-elle ajouté.
Pour maître Yassine Bouzrou, avocat de familles de victimes, "ces éléments sont suffisants pour justifier le renvoi devant le tribunal correctionnel d'Air France et Airbus". Air France a indiqué dans un communiqué ne "pas souscrire aux conclusions qui conduisent notamment à la mise en cause sévère de l'équipage disparu", dont elle entend "défendre la mémoire".
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