"Certains enfants sont en intifada contre les adultes", dit l'ex-président du tribunal pour enfants de Bobigny

Présenté en ouverture du 68e Festival de Cannes, La Tête Haute retrace la trajectoire chaotique d'un jeune qui a du mal à s'insérer dans la société. Selon Jean-Pierre Rosenczveig, ancien président du tribunal pour enfant de Bobigny, "il y a plus de délinquants que par le passé, aussi bien des jeunes que des moins jeunes parce que la population a augmenté. Depuis 2000, toutes proportions gardées, le nombre d'enfants délinquants est moindre que par le passé. En réalité, ce chiffre diminue".

(...) la prison n'est pas une fin en soi. Ce n'est qu'un élément d'une prise en charge éducative

Jean-Pierre Rosenczveig

Au 1er avril, 756 mineurs sont détenus en France, selon le ministère de la Justice. "Il y a des cas pour lesquels la privation de liberté s'impose et ne pas le faire serait une erreur pédagogique et éducative à l'égard des enfants. On ne peut pas leur dire qu'ils ont fait des choses graves et ne pas en tirer les conséquences. Mais la prison n'est pas une fin en soi. Ce n'est qu'un élément d'une prise en charge éducative", explique-t-il.

Nous avons tous commis des délits quand nous étions jeunes. Mais nous n'étions pas hors-la-loi, ou en combat contre la société

Jean-Pierre Rosenczveig

Cependant, Jean-Pierre Rosenczveig précise que "les enfants ont droit à l'éducation, à la fermeté, à la protection et la présence d'adultes qu'ils n'ont pas toujours. Certaines fois, il faut marquer des limites. Les jeunes commettent des délits, les adultes aussi. Nous avons tous commis des délits quand nous étions jeunes. Mais nous n'étions pas hors-la-loi, ou en combat contre la société".

L'ancien président du tribunal pour enfant de Bobigny rappelle qu'un "certain nombre d'enfants traversent la crise de l'adolescence. Une partie de la jeunesse de France a le sentiment que la société n'est pas faite pour eux. Ils sont en intifada contre les adultes et toutes formes d'autorité".