"Ça a commencé par des piques". Les rappeurs Booba et Kaaris sont revenus sur des années de "clashes" devant les enquêteurs pendant leur garde à vue après la bagarre générale qui a éclaté le 1er août à Orly. Ils ont, depuis, été écroués avec plusieurs de leurs proches dans l'attente de leur procès le 6 septembre et ont saisi la justice pour demander leur libération.
Selon des procès-verbaux des enquêteurs de la Police aux frontières (PAF), Booba a expliqué que la bisbille "date de très longtemps", tout en rappelant que c'était lui qui avait "lancé" la carrière de Kaaris en l'invitant sur le morceau Kalash, gros succès en 2012. Mais deux ans plus tard, sur l'antenne de Skyrock, Kaaris s'adresse au "numéro 1 (Booba)" : "Je vais attendre que le soleil soit assez haut dans le ciel que tous me voient tuer le roi". Ce dernier se sent directement visé. "Il a eu des paroles envers moi à la radio que je n'ai pas appréciées. Je ne sais pas ce qu'il cherche", a-t-il déclaré aux enquêteurs.
Des années d'"altercations", de "clashes sur les réseaux sociaux". Selon son rival, Kaaris, la rivalité a en réalité commencé quand il a refusé "d'insulter" deux rivaux de Booba, Rohff et La Fouine : "Il m'a dit 'c'est pas grave tu vas prendre leur place'". Il aurait alors multiplié les piques, notamment via des montages sur Instagram : "À chaque fois, c'est fait pour me ridiculiser", a confié Kaaris aux policiers.
Dernière attaque en date, une phrase de Booba, invité par un autre rappeur sur un morceau sorti en juillet, où il parle de "mettre son sexe dans le sexe de ma femme", comme le paraphrasera Kaaris devant les enquêteurs. En juin, dans le clip en images d'animation du morceau Gotham, Booba "me décapite devant un bar gay", a-t-il ajouté.
Si, selon les enquêteurs, la vidéosurveillance de l'aéroport démontre que le groupe de Booba est à l'origine de la rixe, les deux rappeurs s'en rejettent la responsabilité. "Il me fixait, un peu provocateur", a dit Booba. Lui voulait "contourner" son rival, mais a reçu des projectiles, "et ensuite c'était parti". Pour sa défense il aborde le sujet d'une vidéo de 2014, dans laquelle Kaaris "annonce" ce qu'il se passera "lorsqu'il me verra seul en vrai". Kaaris, dans cette vidéo, se moque des piques de Booba sur les réseaux sociaux, "des trucs de gamins". "On se bat pas sur internet nous. Tout se passe dans la street (rue) (...) viens en face de moi. (...) Je vais te briser tes os, je vais te boire ton sang". Selon Booba, "tout y est".
"Je suis un acteur et j'en ai trop fait", a répondu Kaaris lorsque que les enquêteurs lui ont parlé de la fameuse vidéo. "J'étais fatigué, j'avais été moqué, sali, humilié". Booba est "en guerre contre le monde entier", "casse des carrières" pour "garder le monopole".
Kaaris assure qu'à Orly, son rival s'est approché de son groupe avec ses amis. "Lève toi salope", aurait dit l'un d'eux. "Après, les coups pleuvaient, ça partait dans tous les sens", a-t-il. "Je me suis défendu comme je pouvais".
Sa version est confortée par les images de vidéosurveillance, disent les enquêteurs : on y voit Booba arriver depuis la zone de contrôle "d'un pas décidé", lâcher son sac au sol et "continuer d'avancer" avec un de ses proches vers Kaaris, qui finit par reculer "pour conserver une distance", notent-ils. "À 14h56 et 20 secondes", Booba et son ami "se ruent sur Kaaris", et la bagarre générale éclate.
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