Pendant que son frère Salah, emprisonné dans le cadre de l'enquête concernant les attentats de Paris et de Saint-Denis le 13 novembre 2015, a fait prévaloir son droit de garder le silence depuis sa prison de Fleury-Mérogis, Mohamed Abdeslam prend la parole ce lundi 17 octobre, au micro de RTL. Lâché par ses avocats, Salah Abdeslam refuse de s'exprimer sur son rôle dans les attaques au Stade de France, contre les terrasses et au Bataclan. "Très clairement, ce soir, je demande à mon frère de s'exprimer", lance Mohamed Abdeslam. "Je veux savoir quel est son degré d'implication, ce qu'il a fait exactement, ce qu'il s'est passé avant et après", demande-t-il. Son deuxième frère, Brahim, était l'un des terroristes qui se sont fait exploser le 13 novembre dans le XIe arrondissement.
Très tôt après les attaques du 13 novembre, Mohamed Abdeslam a enjoint son frère à se rendre. "J'ai notamment demandé à mon frère, quelques jours après les événements de Paris de se rendre auprès de la justice", confie-t-il à RTL. Seul membre encore vivant des commandos du 13 novembre, Salah Abdeslam n'a plus d'avocat depuis le 12 octobre. Frank Berton et son confrère belge Sven Mary ont renoncé à le défendre en raison de son mutisme depuis son arrestation, le 18 mars dernier.
J'ai l'impression qu'il est quelque part encore plus radicalisé
Mohamed Abdeslam
Un refus de coopérer qui ne semble pas avoir été la position de départ de Salah Abdeslam. "Lors de mes visites ici en Belgique, j'ai vraiment eu un Salah Abdeslam prêt à s'exprimer, c'est vraiment l'attitude qui émanait de lui", se rappelle Mohamed Abdeslam. "Quelques mois après, c'est une autre personne que j'ai en face de moi. J'ai constaté que Salah était plus en retrait, plus refermé sur lui-même", indique-t-il. Une attitude qu'il déplore, notamment "rapport aux familles c'est quelques chose qui doit être insupportable".
Après avoir assuré lors d'une première comparution face au juge d'instruction qu'il s'expliquerait ultérieurement, le terroriste présumé a fait valoir son droit au silence lors des convocations suivantes, pour protester contre la vidéosurveillance continue de sa cellule d'isolement à Fleury-Mérogis. "Il me dit que ça prend du temps qu'il doit réfléchir, qu'il doit consulter son dossier", rapporte Mohamed Abdeslam concernant ses entrevues avec son frère. "J'ai l'impression que toutes ces conditions de détention le renferment sur lui-même. J'ai l'impression qu'il est quelque part encore plus radicalisé", pense le frère.
Par ailleurs, Mohamed Abdeslam balaye l'idée d'un Salah qui mettrait fin à ses jours. "Si Salah Abdeslam avait voulu mettre fin à ses jours il aurait pu le faire, notamment le 13 novembre, notamment le jour de son arrestation à Molenbeek", pense-t-il en affirmant avoir en face de lui "une personne qui a des regrets".
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