Un peu plus d'une semaine après l'attaque terroriste de Nice, le profil de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel s'affine. Le procureur de la République, François Molins a annoncé que son acte était "mûri" depuis plusieurs mois. Des "complicités" et des "soutiens" auraient aidé le terroriste à organiser sa terrible attaque. Cinq suspects ont été mis en examen et écroués jeudi 21 juillet. Des clichés retrouvés dans son téléphone, notamment des feux d'artifice du 14 juillet 2015 et du 15 août de la même année, pourraient accréditer la thèse d'un acte "mûri" depuis plusieurs mois. Le 1er janvier, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait également pris en photo un article de Nice-Matin intitulé "il fonce volontairement sur la terrasse d'un restaurant".
Ces quatre hommes, âgés de 21 à 40 ans, et une femme de 42 ans, ont été arrêtés en raison de leurs contacts avec Mohamed Lahouaiej Bouhlel avant l'attentat de la Promenade des Anglais, qui a fait 84 morts et 331 blessés. Chokri C., Mohamed Oualid G. et Ramzi A. ont été mis en examen pour "complicité d'assassinats en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste", a indiqué le parquet de Paris.
Ramzi A., est âgé de 21 ans. Ce franco-tunisien a été condamné à six reprises entre avril 2013 et mai 2015 pour vols, violences et usage de stupéfiants. Il a reçu deux SMS envoyés par le tueur quelques minutes avant le carnage. Dans l'un des messages, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le félicite pour le "pistolet" qu'il lui a fourni la veille et évoque la fourniture de "cinq" autres armes, précisant que cette nouvelle livraison est destinée à une autre personne "et ses amis".
Au cours d'une perquisition menée mercredi 20 juillet dans la cave d'un proche de Ramzi A., une Kalachnikov et un sac de munitions ont été retrouvés. À ce stade, "on ne sait pas à quoi (le fusil d'assaut) était destiné", a indiqué François Molins. Plus de 2.500 euros en liquide et 200 grammes de cocaïne ont également été saisis à son domicile. Lors de ses auditions, le jeune homme a désigné le fournisseur du pistolet comme étant un Albanais de 38 ans, Artan H., interpellé dimanche avec sa compagne.
Ce Tunisien de 37 ans, au casier judiciaire vierge, est soupçonné d'être l'un des destinataires des cinq armes évoquées par le tueur dans le SMS. A-t-il participé à des repérages ? D'après des images de vidéosurveillance, l'homme était le 12 juillet sur la Promenade des Anglais aux côtés de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel dans le camion lancé sur la foule deux jours plus tard. Ses empreintes digitales ont été découvertes sur l'une des portières du véhicule. Un message Facebook, envoyé le 4 avril 2016 par Chokri C. au tueur, intrigue aussi les enquêteurs : "Charge le camion, mets dedans 2.000 tonnes de fer (...) coupe lui les freins mon ami et moi je regarde".
Les investigations ont mis en lumière les très nombreux contacts entre ce franco-tunisien de 40 ans et le tueur : 1.278 appels ont été échangés entre les deux hommes depuis juillet 2015. Dans son portable, les enquêteurs ont retrouvé des images du 15 juillet montrant qu'il a filmé la promenade des Anglais, alors que les secours y sont encore, avant de se filmer lui-même.
Des photographies de cet homme, jusqu'à présent inconnu de la justice, prises dans l'habitacle du camion les 11 et 13 juillet, ont été retrouvées dans le téléphone du tueur. Mohamed Oualid W., qui était aussi régulièrement en contact avec Chokri C., avait adressé le 10 janvier 2015 un SMS à Mohamed Lahouaiej-Bouhlel: "Je ne suis pas Charlie... Je suis content, ils ont ramené les soldats d'Allah pour finir le travail".
Ce couple d'Albanais est suspecté avec Ramzi A. d'avoir participé à la fourniture du pistolet automatique dont le tueur s'est servi pour tirer à plusieurs reprises sur des policiers avant d'être abattu. Selon une information du Point, le couple était déjà connu des services de police. Dans un document, "il est mentionné que l'homme, Artan H., avait été arrêté - en compagnie d'un autre individu - pour une banale infraction au Code de la route le 2 mai dernier. Il se trouvait à bord d'une voiture immobilisée. 'Le véhicule, en panne de batterie, est stationnée, mais les vitres ne se referment pas', note l'argent".