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Agression dans le métro à Lille: difficile d'apprécier la non-assistance à personne en danger

Déterminer s'il y a bien eu non-assistance à personne en danger dans l'agression dans le métro de Lille d'une jeune femme s'annonce "compliqué et difficile" pour la police.

L'entrée du métro de Lille.
Crédit : AFP / Olivier Morin
La rédaction numérique de RTL & AFP
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L'émotion devant l'apparente indifférence d'usagers du métro de Lille à l'égard d'une jeune femme agressée mercredi soir a été vive, mais déterminer s'il y a bien eu non-assistance à personne en danger s'annonce "compliqué et difficile" pour la police.

Témoignant à propos des 20 à 30 minutes très pénibles qu'elle avait vécues aux alentours de 22H30, mercredi, la jeune mère de famille de Tourcoing (Nord) a affirmé à la Voix du Nord et à RTL qu'elle avait, sans succès, appelé à l'aide dans le métro.

Personne n'est intervenue dans le métro

Les premiers constats de la police tendaient à confirmer jeudi que, descendue sur le quai avec son harceleur à ses trousses, la trentenaire n'a pas été secourue par les autres usagers présents, qui ont notamment évité de monter dans le même wagon qu'elle à l'arrivée de la rame.

Il a fallu qu'elle regagne la surface pour que devant sa détresse évidente un automobiliste s'interpose et deux gardes de sécurité interviennent, alors qu'elle était toujours poursuivie par son agresseur.

18 mois ferme plus deux ans d'interdiction de territoire

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Les bandes vidéo des caméras de surveillance dont est équipé le métro lillois ont permis de rapidement vérifier les faits. Elles montrent, selon des sources policères, que le jeune homme met la main sur la joue de la femme, se rapproche, la tient par les épaules, essaie de l'embrasser. Selon la victime, il a même menacé de la violer, lui disant, tout à la fois, qu'elle était "belle" et "une sale pute".

Les images éloquentes des caméras de vidéosurveillance du métro ont appuyé la condamnation en comparution immédiate de l'agresseur, un Marocain de 19 ans, à 18 mois ferme plus deux ans d'interdiction de territoire. Il répondait notamment d'agression sexuelle par une personne en état d'ivresse et pour violences avec usage d'une arme par destination (une bouteille de vodka).

Fléau de l'individualisme

Mais même si la sanction pouvait paraître sévère aux uns ou exemplaire aux autres, l'affaire a provoqué une telle émotion qu'elle ne pouvait s'arrêter là, d'autant qu'étaient largement évoqués dans les commentaires les fléaux de l'individualisme voire de l'incivisme.

"On ne leur demande pas forcément d'intervenir, mais cela ne coûte rien d'appeler la police", avait entre autres commenté une source policière, à propos de l'absence de réaction des autres usagers du métro.

Vérification des bandes vidéo

Caractériser l'attitude d'un certain nombre de témoins comme "non-assistance à personne en danger", -un fait passible de cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende-, relève cependant d'un exercice beaucoup plus "délicat", a-t-on observé, toujours de source proche de l'enquête.

Dans cette enquête distincte, la police va maintenant devoir vérifier, en scrutant attentivement les bandes vidéo saisies, si, du point de vue juridique, la non-assistance à personne en danger pouvait être retenue contre certains des usagers du métro restés passifs.

"Les investigations s'annoncent compliquées"

"Établir les faits en regardant toutes les bandes vidéo qui ont été saisies et placées sous scellés va prendre des jours", a-t-on ajouté, en soulignant qu'il faudrait ensuite "tenter d'identifier" les inconnus éventuellement repérés pour attitude répréhensible au regard de la loi, afin de les entendre.

"Les investigations s'annoncent compliquées et difficiles", a-t-on résumé. L'autre tâche, sans doute plus complexe encore, qui attend la justice, sera d'évaluer les éléments tangibles qu'auront éventuellement recueillis les enquêteurs.

"La législation condamne l'indifférence, mais n'impose pas l'héroïsme"

Car si s'abstenir d'intervenir pour aider une personne en danger est passible des tribunaux, encore faut-il démontrer que les témoins pouvaient agir "sans risque pour eux-mêmes ou pour autrui", a-t-on expliqué.

Évoquant la difficulté d'apprécier un défaut d'assistance, le professeur Jean Pradel, qui fut magistrat, enseigna notamment à l'Institut d'études judiciaires de Poitiers, et considéré comme une référence en matière de droit pénal, a eu cette formule : "La législation condamne l'indifférence, mais n'impose pas l'héroïsme."

À écouter

Agression dans le métro à Lille : le procureur revbient sur la notion de non-assistance à personnes en danger
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