Après plus de huit heures d'attente et de délibéré entre les cinq magistrats, les familles des victimes sont enfin fixées. Abdelkader Merah est coupable de l'association de malfaiteurs mais pas de la complicité des assassinats terroristes, commis par son frère, aux yeux de la Justice et écope de 20 ans de prison avec une période de sûreté aux deux tiers de la peine (13 ans), soit la peine maximale.
En ce qui concerne Fettah Malki, poursuivi pour associations de malfaiteurs terroriste, il est aussi jugé coupable et écope de 14 ans de réclusion criminelle. Les magistrats ont estimé que ce trafiquant d'armes "ne pouvait ignorer l'idéologie de Mohamed Merah" et qu'il "était susceptible de perpétrer des exactions". Son avocat, son client a décidé de faire appel de la décision.
"Il n'est pas démontré l'existence d'une aide ou assistance à son frère" estime la cour concernant la complicité d'assassinats d'Abdelkader, en rappelant que Mohamed Merah a été seul pour chacune de ses tueries. Le ministère public avait requit la perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans pour le frère de Mohamed Merah, et 20 ans de prison ferme pour le trafiquant d'armes.
La cour juge qu'Abdelkader Merah est coupable de complicité du vol du scooter qui a servi à Mohamed Merah pour ses meurtres mais pas des assassinats eux-mêmes. L'accusé "a pu ignorer lors du vol du T-Max qu'il allait servir à commettre les actes de son frère", a estimé la cour. En revanche, elle insiste sur la radicalisation de l'accusé.
"Il n'est pas contestable qu’Abdelkader Merah a adhéré aux thèses islamistes radicales", a déclaré le président, Franck Zientara qui a spécifiquement réclamé le silence pendant les motivations de la cour. La défense n'a pas encore décidé si elle allait faire appel ou non. Les deux accusés ont été jugés par une cour d'assises spécialement constituée de magistrats professionnels et non par des jurés issus de la société civile.
L'ambiance aura été électrique jusqu'au dernier jour. Le 2 novembre, pour le verdict, 21 gendarmes sont présents à l'intérieur de la salle Voltaire, davantage à l'extérieur, en plus des fourgons postés devant le palais de Justice pour assurer la sécurité.
Cinq semaines d'interrogatoires, de témoignages, d'invectives entre avocats de la défense et des parties civiles se sont écoulées dans la salle Voltaire de la cour d'assises de Paris. Un procès hors-norme et historique qui a mis le terrorisme à la barre.
En mars 2012, Mohamed Merah a tué sept personnes et blessé gravement une huitième à Toulouse et Montauban. Il a été abattu par le RAID après des 32 heures de négociation. C'est son grand frère, aussi fiché S et qui se revendique d'un islam rigoriste, qui était dans le box des accusés. Son avocat, maître Éric Dupond-Moretti, avait plaidé l'acquittement estimant que si Mohamed Merah n'était pas mort, "il aurait été seul dans le box".
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