"Les détracteurs de Robert Ménard l'accusent d'avoir violé l'article 1 de la Constitution française, qui assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de race, de religion ou d'ethnie", rappelle Alexandra Szacka. Mais les citoyens sont différents, "n'en déplaise aux gardiens du dogme 'On est tous égaux, donc on est tous pareils'", argue la journaliste canadienne, pour qui l'égalité devant la loi et la citoyenneté ne gomment pas ces différences.
L'initiative personnelle du maire de Béziers est certainement en choc frontal avec la loi. "Vous savez, avec la loi c'est comme avec le sexe : les interdits insensés favorisent les expressions les plus tordues et les transgressions les plus dommageables", estime Alexandra Szacka.
Pour elle, le plus grave "ce ne sont pas les statistiques sauvages de Robert Ménard, mais la conclusion du maire qui affirme que 64% d'enfants musulmans dans les écoles de sa ville c'est trop". Trop par rapport à quoi ? "Que fait-on alors, du nettoyage ethnique ?", s'offusque la journaliste.
Les statistiques ethniques ne causent pas le communautarisme, tout au plus elles le révèlent
Alexandra Szacka
Pour elle, le remède serait de généraliser la statistiques, comme cela se fait dans nombre de pays anglo-saxons, dont le Canada. "Dans ces pays, les statistiques sont totalement dédramatisées", lance-t-elle. Elle explique le recensement canadien, obligatoire mais parfaitement anonyme, "compile tous les cinq ans les données ethniques, religieuses et linguistiques".
"Mais attention : chaque citoyen se définit comme il l'entend, au lieu de laisser cela à un maire en proie à une dérive identitaire", prévient-elle. Au final, chaque ville ou province canadienne dispose d'une sorte de radiographie de sa population.
Selon Alexandra Szacka, "les statistiques ethniques ne causent pas le communautarisme, tout au plus elles le révèlent".