A quelques jours de la conférence de paix de Genève II sur la Syrie, rendez-vous diplomatique lancé à l'initiative des États-Unis et de la Russie, l'opposition syrienne en exil a accepté d'y participer après des semaines d'atermoiements et de pressions occidentales et arabes. Le président de la Coalition de l'opposition Ahmad Jarba l'a annoncé ce samedi 18 janvier.
Au terme de discussions dans le huis clos d'un hôtel de la lointaine banlieue d'Istanbul, 58 membres de la Coalition de l'opposition ont voté oui, 14 non, 2 se sont abstenus et 1 a voté blanc, selon les résultats officiels. Seuls 75 des quelque 120 délégués de l'opposition modérée au régime de Damas ont pris part au scrutin à bulletins secrets, signe des vifs débats.
La conférence de Genève II a pour objectif de trouver une solution politique susceptible de mettre fin à la guerre civile en Syrie, qui a fait plus de 130.000 morts et des millions de réfugiés et déplacés depuis mars 2011.
Ahmad Jarba a déclaré que ces négociations avaient
"comme unique but de satisfaire les demandes de la révolution (...) et
avant tout de retirer au boucher (Assad, ndlr) tous ses pouvoirs". Il a accusé Bachar al-Assad et son gouvernement de faire du "terrorisme d’État",
affirmant que le régime était responsable de la présence sur le terrain
des combattants de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), liés à
Al-Qaïda, que des combats meurtriers opposent actuellement aux rebelles. Ahmad Jarba a aussi prévenu que la participation à la conférence ne
signifiait pas la fin des opérations contre les forces d'Assad menées
par l'opposition et sa branche armée, l'Armée syrienne libre (ASL).
Le régime syrien répète, lui qu'il n'ira pas en Suisse "pour remettre le pouvoir à qui que ce soit", et qu'il revient à Bachar al-Assad de mener la transition.
Depuis des semaines, les adversaires de Bachar al-Assad se déchiraient sur l'opportunité de s'asseoir à la même table que les représentants d'un régime dont ils veulent la chute depuis bientôt trois ans.
Les
chefs de la diplomatie française Laurent Fabius et américaine John Kerry
ont qualifié cette décision de "courageuse". "En dépit des provocations
et des exactions du régime", ce choix "est celui de la recherche de la
paix", s'est félicité Laurent Fabius. "Personne ne se fera duper", a
assuré le secrétaire d’État américain John Kerry, menaçant Damas d'une
"réponse beaucoup plus forte" en cas de manœuvre de diversion.
A Berlin, le chef de la diplomatie a parlé de "bonne décision, même si je peux comprendre qu'elle ait été difficile à prendre pour beaucoup d'opposants". Frank-Walter Steinmeier a ajouté qu'il s'agissait "une petite lueur d'espoir pour les gens en Syrie, qui subissent tant de souffrances du fait de la guerre civile et l'exode". "Le moindre progrès, aussi petit soit-il, sur le passage des convois humanitaires ou des accords de cessez-le-feu au niveau local, serait un succès", selon lui.
Et à Londres le chef de la diplomatie William Hague a souligné que "la Coalition Nationale a pris cette décision difficile malgré un contexte marqué par les attaques brutales et continuelles du régime contre les civils syriens et le blocage délibéré de l'aide humanitaire". Il a rappelé que tout accord exigerait que le président Bachar al-Assad quitte le pouvoir.
Samedi,
pour la deuxième journée consécutive, la Turquie et le Qatar, mandatés
par l'ensemble des parrains occidentaux et arabes de l'opposition, ont
réuni à Ankara quatre groupes de combattants rebelles syriens, dont le
Front islamique, qui ne font pas partie de la Coalition, pour les
convaincre de l'utilité de Genève II, a-t-on appris de source diplomatique. Au moins trois d'entre eux ont donné leur accord pour intégrer la délégation de l'opposition en Suisse, selon cette même source.
Sous
l'influence de son fidèle soutien russe, le régime syrien avait de son
côté fait vendredi une série de concessions "humanitaires" qui
répondaient à certaines exigences de l'opposition. A l'issue d'une
rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov à Moscou, le chef de
la diplomatie syrienne Walid Mouallem a proposé un "échange de
prisonniers" et un plan prévoyant "l'arrêt de toutes les actions
militaires" dans la région d'Alep (nord).
Samedi encore, au moins
34 personnes dont cinq enfants ont péri dans cette région dans des raids
aériens de l'armée, selon une ONG syrienne.
Les conditions de ce
cessez-le-feu restaient encore floues samedi. "Les détails et les
mécanismes seront précisés une fois obtenu l'accord des autres parties",
a déclaré à l'AFP une source au sein des services de sécurité à Damas.
Les
promesses du régime ont connu par ailleurs une première manifestation
concrète. Pour la première fois depuis septembre 2013, de l'aide
alimentaire a pu entrer samedi dans le camp de réfugiés palestiniens de
Yarmouk, à Damas. L'armée du régime assiège ce camp occupé en grande
partie par les rebelles depuis des mois.
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