Le pouvoir égyptien organise ce mardi 14 janvier un référendum sur la nouvelle Constitution. Une journée qui a débuté avec l'explosion d'une bombe de faible puissance qui a endommagé la façade d'un tribunal du Caire deux heures avant le début du scrutin.
Ce vote s'apparente à un plébiscite pour le chef de l'armée qui a destitué le président islamiste Mohamed Morsi. Le général Abdel Fattah al-Sissi, vice-Premier ministre, ministre de la Défense et véritable homme fort du pays le plus peuplé du monde arabe, a déclaré samedi qu'il se présenterait à la présidentielle prévue en 2014 si le "peuple le réclame" et si l'armée soutient sa candidature. Il avait auparavant appelé les Égyptiens à se rendre "massivement" aux urnes et voter "oui" pour la nouvelle Constitution.
La Constitution a été rédigée par une commission nommée par le gouvernement intérimaire que le général avait mis en place dès le 3 juillet après avoir annoncé la destitution et l'arrestation de Mohamed Morsi, premier président civil et le seul à jamais avoir été élu démocratiquement en Égypte. Depuis, fort du soutien d'une large majorité de l'opinion publique, le pouvoir dirigé de facto par l'armée réprime implacablement les partisans de Mohamed Morsi, en particulier son influente confrérie des Frères musulmans.
Plus
d'un millier de manifestants ont été tués ces six derniers mois et les
pro-Morsi emprisonnés par milliers, mais certains continuent de
protester quotidiennement dans la rue, en petit nombre, et les Frères
ont appelé à boycotter le référendum.
Parallèlement, les attentats se sont multipliés, y compris au Caire, revendiqués par des mouvements jihadistes liés à Al-Qaïda mais le gouvernement accuse les Frères musulmans d'en être à l'origine et a décrété la confrérie "organisation terroriste".
Ce mardi, une bombe "de faible puissance", selon un général de la police, a fortement endommagé la façade d'un tribunal dans un quartier populaire du sud-ouest du Caire, sans faire de blessé, deux heures avant l'ouverture des bureaux de vote. Les vitres du tribunal étaient soufflées. Aux alentours, un magasin avait subi des dégâts et des vitres d'immeubles d'habitation avaient également volé en éclats. Après l'explosion, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal, brandissant des photos du général Sissi.
Pour
assurer la sécurité du scrutin qui se déroule sur deux jours, le
gouvernement intérimaire a annoncé le déploiement de 160.000 soldats et
200.000 policiers dans le pays.
Certaines organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent un scrutin organisé dans un climat de peur et de répression de toute opposition, mais la très grande majorité de la population soutient le nouveau pouvoir et n'a d'yeux que pour le général Sissi, dont les portraits ornent les rues et presque chaque boutique au Caire.
Lorsqu'il a annoncé la destitution de Mohamed Morsi le 3 juillet, le chef de l'armée avait invoqué les millions de manifestants réclamant trois jours plus tôt le départ du président qu'ils accusaient de vouloir islamiser de force la société et de ruiner une économie déjà exsangue. Il avait aussi aussitôt donné mandat au gouvernement intérimaire de changer la Constitution et d'organiser en 2014 des élections législatives et présidentielle. Cette dernière devrait intervenir dans les six mois.
Pour les experts, le nouveau
pouvoir voit dans ce référendum un premier moyen d'obtenir une caution
dans les urnes pour ce que ses détracteurs présentent comme un "coup d’État" mais dont l'armée assure qu'il répondait à un ras-le-bol
populaire massif à l'égard de Frères musulmans accaparant sans partage
le pouvoir depuis un an. "Ils ont besoin d'un vote populaire de
confiance clair, qui permettrait au général Sissi de se présenter à la
présidentielle s'il le décidait", estime Andrew Hammond, expert au
European Council on Foreign Relations. Le référendum est un "test"
pour "l'ordre post-Morsi, qui permettra également de mesurer "la
popularité de Sissi", renchérit Issandr El Amrani, d'International
Crisis Group. D'ailleurs, note-t-il, le scrutin "est explicitement
présenté de cette façon par l'élite au pouvoir".
Le projet de
nouvelle Constitution a été débarrassé de clauses ajoutées sous Mohamed Morsi
renforçant les devoirs religieux mais ne modifie que très marginalement
les pouvoirs institutionnels, notamment ceux du président. Il renforce
cependant quelque peu ceux, déjà exorbitants, de l'armée.
Depuis
qu'une révolte début 2011 a chassé du pouvoir Hosni Moubarak après 30
ans de règne absolu, les Égyptiens ont déjà été appelés à se prononcer à
trois reprises sur des textes ou amendements constitutionnels.
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