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3 min de lecture
Une manifestation d'opposition au Caire en Egypte le 23 décembre 2013.
Crédit : KHALED DESOUKI / AFP
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Que reste-t-il de la Révolution du 25 janvier ? Trois ans après le soulèvement du peuple égyptien, qui a conduit Hosni Moubarak à la démission, la situation de l’Égypte n'est pas bonne. C'est en tout cas ce qu'indique le rapport publié cette semaine par Amnesty International. Le document, intitulé Roadmap to repression : no end in sight to human rights violations, fait état de graves manquements aux droits et libertés depuis la destitution de Mohamed Morsi en juillet 2013.
L'exigence de dignité et de respect des droits humains portée par la Révolution du 25 janvier est bien loin de s'être réalisée
Hassiba Hadj Sahraoui, Amnesty International
"Trois années ont passé, et l'exigence de dignité et de respect des droits humains portée par la Révolution du 25 janvier est bien loin de s'être réalisée. Plusieurs de ses acteurs principaux sont derrière les barreaux et le climat ambiant est marqué par la répression et l'impunité", estime Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
L'ONG pointe notamment du doigt l'adoption de lois répressives, permettant au pouvoir en place de réduire la liberté d'expression des citoyens. "À moins que les autorités ne changent de trajectoire et ne montrent concrètement qu'elles respectent les droits humains et la primauté de la loi, en commençant par libérer sans délai et sans condition les prisonniers d'opinion, l'Égypte risque de se retrouver avec des prisons pleines de personnes incarcérées hors de toute légalité", ajoute Hassiba Hadj Sahraoui.
L’Égypte est pourtant censée avoir voté pour une nouvelle Constitution - 98,1% de "oui" pour 39% de participation - qui permettra, selon le président par interim Adly Mansourn, de la mettre sur la voie de la démocratie. "Le peuple égyptien était descendu dans la rue le 30 juin 2013 pour demander des élections présidentielles anticipées. En lieu et place, on a créé une situation de quasi-guerre civile (...) La répression a d'abord frappé les jeunes militants révolutionnaires, mais désormais elle touche tous ceux qui défendent la révolution", s'indigne pourtant l'éditorialiste Bilal Fadl, dans une tribune publiée pour le quotidien Al-Shourouk, le 14 janvier dernier.
Selon l'écrivain égyptien, "la
majorité de la population se résigne parce qu'elle est fatiguée, mais aussi
parce qu'elle croit que cette option autoritaire lui rendra la sécurité, son
pain quotidien et la tranquillité". Difficile en effet d'exprimer une opinion lorsqu'un "simple tweet peut vous envoyer en prison", dit Hassiba Hadj Sahraoui. Amnesty International chiffre même à 1.400 le nombre de morts des suites de violences politiques depuis le 3 juillet 2013. "Une
fois de plus, les proclamations sur la 'lutte contre le terrorisme' permettent
de justifier des mesures répressives qui ne font pas la différence entre
l'opposition légitime et les attentats violents", dénonce-t-elle.
Alors que les Frères musulmans sont officiellement qualifiés d'organisation terroriste depuis le mois de décembre, le ministre de l'Intérieur a récemment annoncé que
les prisons et les postes de police ont reçu une dotation en armes lourdes. Une perspective qui ne laisse que peu de place à l'espoir d'un retour à la paix. Surtout depuis que le pouvoir en place a pris de nouvelles mesures de restrictions aux manifestations et rassemblements publics.
Sissi se fera élire président dans ce qui sera une pitoyable comédie électorale
Bilal Fadl, journaliste
L'évolution de la situation ne laisse que peu de place au doute : le général al-Sissi, patron de l'armée qui a renversé Mohamed Morsi, va profiter du large succès du référendum sur la Constitution pour accentuer son pouvoir. Véritable homme fort du pays depuis l'été dernier, al-Sissi a récemment déclaré qu'il serait candidat à la présidence de la République "si le peuple le réclame". Pour Bilal Fidl, "Sissi se fera élire président dans ce qui sera
une pitoyable comédie électorale".
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