ÉDITO - "Le Rafale est passé d'avion maudit à 'vache à lait'", raconte Martial You

Emmanuel Macron a été reçu jeudi 29 août en Serbie pour signer ce qu’il a appelé "un accord historique" avec ce pays des Balkans resté proche de Moscou, la vente de douze avions de combat Rafale. Un avion que de nombreux pays s'arrachent désormais, à tel point que Dassault Aviation n'arrive plus à livrer.

Un Rafale posé sur la base aérienne de Saint-Dizier (image d'illustration).

Crédit : FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

L'ÉCO & YOU - La revanche du Rafale

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Emmanuel Macron est en Serbie avec, à la clé, la vente de 12 avions de chasse Rafale de Dassault. Montant du contrat : trois milliards d'euros. Il s'agit d'une formidable revanche pour notre avion français. Le Rafale est en effet passé d'avion maudit à "vache à lait". En 2000, personne n'en voulait. On le comparaît même au réacteur nucléaire EPR : en gros, le génie français de nos ingénieurs qui ne sert à rien, car beaucoup trop complexe.

Le Rafale est un avion "polyvalent" qui peut remplir de nombreuses missions : défense aérienne, reconnaissance, dissuasion nucléaire. Pendant des années, on a vu les contrats nous passer sous le nez. Coréens, Hollandais, Singapouriens, Marocains, Brésiliens... tous préféraient les avions américains ou suédois.

Aujourd'hui, on se l'arrache. À tel point que Dassault Aviation n'arrive plus à livrer ! La direction du groupe a indiqué qu'elle donnait la priorité à l'avion de chasse aux dépens des jets privés Falcon. Elle sort trois avions par mois, soit la capacité maximale possible. La France, seul pays à commander ces avions en 2004, doit maintenant attendre qu'on livre les autres pays.

Le plus gros client de Rafale ? Les Émirats Arabes Unis (EAU) qui en ont commandé 80. On a 300 Rafale à livrer, dont plus de la moitié est pour des pays étrangers. Ce qui représente 10 ans de production pour nos usines.

Les raisons du succès

D'abord, on a débloqué le compteur en 2015. C'est comme aux JO, c'est important. Le premier contrat est signé par l'Égypte, ce qui va ensuite entraîner ensuite l'Inde, le Qatar, l'Indonésie.

Entre 2004 et 2015, les tensions internationales ont augmenté. Le Rafale est intervenu avec succès sur des zones comme l'Afghanistan, le Mali, la Syrie, la Libye... Le terrorisme s'état renforcé autour d'Al Qaïda... Et beaucoup de pays ont voulu sortir de la domination des États-Unis. Ils se sont donc équipés d'avions de guerre français pour ne plus acheter US.

Cette fois, cette vente en Serbie fait polémique, un pays qui soutient Vladimir Poutine. En effet, la Serbie n'a pas appliqué de sanctions envers Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine. Mais la vente d'avions militaires, c'est beaucoup plus complexe qu'un dilemme moral.

D'abord, en France, on n'aime pas à se le dire : mais on est le deuxième pays exportateur d'armes au monde derrière les États-Unis. C'est une filière industrielle stratégique pour la France. Et on n'en a pas tant que ça. Donc, oui, on vend sans beaucoup d'état d'âme.

Le message de la Serbie à l'Europe

Un Rafale coûte environ 100 millions d'euros. Et quatre millions par an pour l'entretien. C'est un peu plus complexe que la vidange et les essuie-glaces.

Par ailleurs, fabriquer un Rafale fait travailler 7.000 personnes pendant 2 ans. Mais il n'y a pas que la chaîne d'assemblage. Un Rafale fait appel à 400 entreprises sous-traitantes. Nécessitant 300.000 pièces, pratiquement toutes "Made in France".

D'ailleurs, vous savez que le nom Rafale n'appartient pas à Dassault. Il est la propriété de Renault qui a accepté de le prêter à Dassault. C'est pour ça que vous avez, en ce moment, un modèle de véhicule Renault qui vient de sortir et qui s'appelle aussi Rafale.

En tout cas, la Serbie, en choisissant Rafale, envoie un message à la Russie. Pourquoi ? Parce qu'elle est aujourd'hui équipée de vieux MIG russes. Mais elle envoie surtout un message à l'Europe. Car, à terme, le pays aimerait bien adhérer à l'Union européenne (UE). Acheter européen, c'est un bon début. Surtout quand c'est français.

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