Chez lui, à l'aéroport, au stade, au palais... Le président Alassane Ouattara a été omniprésent aux côtés des footballeurs ivoiriens depuis leur victoire à la Coupe d'Afrique des Nations, s'attirant les critiques de l'opposition qui dénonce une récupération politique à quelques mois de la présidentielle.
"La Côte d'Ivoire avance, merci ADO (Alassane Dramane Ouattara)". L'incroyable liesse populaire qui s'est emparée lundi d'Abidjan avait parfois des allures de meeting politique. Parmi le million de supporteurs, des centaines de pancartes vertes et oranges rendaient avant tout hommage au président.
Depuis dimanche soir, Alassane Ouattara est partout. Les caméras de la télévision nationale l'ont d'abord montré fou de joie chez lui devant le match. Puis elles l'ont suivi dans une virée nocturne dans Abidjan, avec un président hilare, tout d'orange vêtu, saluant la foule depuis le toit ouvrant de son 4X4.
Le lendemain du sacre, "ADO" a accueilli les joueurs à l'aéroport. Puis il les a escortés jusqu'au stade Félix Houphouët-Boigny, où il a pris une longueur d'avance sur eux. Accompagné du capitaine Yaya Touré, c'est lui qui a présenté le trophée à l'arène en ébullition.
"La Côte d'Ivoire qui gagne est en marche", affirmait Joël N'Guessan, porte-parole du RDR (le parti de Ouattara), dans un communiqué quelques instants après le sacre des "pachydermes". Et d'y appeler les Ivoiriens, à l'instar de leurs footballeurs, à être "unis et disciplinés" et à "pratiquer les consignes du chef" pour "remporter toutes les victoires sur le mal développement".
Si les gens nous associent à cet évènement heureux c'est une bonne chose pour nous
Joël N'Guessan, porte-parole du RDR
Interrogé, le porte-parole nie pourtant tout opportunisme politique. "Nous n'avons pas besoin de faire de la récupération", affirme-t-il. "Après, nous sommes un parti politique, donc si les gens nous associent à cet évènement heureux, c'est une bonne chose pour nous".
"Cette récupération est naturelle car tout pouvoir sait ce que le football représente pour les Ivoiriens, note l'analyste Yves Ouya. Mais cela n'a des effets qu'à court terme."
"Le président fait de la publicité politique inappropriée", s'est indigné le secrétaire national du FPI, principal parti d'opposition. "C'est certainement en partie lié au fait que c'est une année électorale, mais ça reste tout à fait anormal."
La Côte d'Ivoire vivra en octobre prochain une élection présidentielle qualifiée de cruciale, car censée parachever la stabilisation du pays après les violences postélectorales de 2010-2011, qui ont fait plus de 3.000 morts, et plus généralement refermer 10 ans de crise politico-militaire.
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