Afghanistan : un chef taliban oblige sa petite sœur à être kamikaze
En Afghanistan, le frère d'une fillette de 10 ans qu'il aurait contrainte à porter une veste d'explosifs est activement recherché par la police.

La police afghane était ce mardi 7 janvier à la recherche du frère d'une fille de 10 ans qui explique avoir été forcée à porter un gilet bourré d'explosifs pour commettre un attentat suicide dans le Helmand, province instable du sud du pays.
La fillette, prénommée Spozhmai, a été arrêtée dimanche dans le district de Khanishin, puis placée en détention à Lashkar Gah, la capitale provinciale. Interrogée lundi par des journalistes, elle a affirmé que son frère, un chef local taliban selon les autorités afghanes, lui avait "dit de prendre une veste noire" et de se faire exploser avec l'engin contre un barrage de la police. Mais la fillette avait ensuite assuré avoir décidé de "jeter" la veste qui, selon des sources locales, n'a pas été retrouvée.
"Nous avons formé un groupe d'enquête pour faire la lumière sur cette affaire", a déclaré ce mardi à l'AFP le porte-parole du gouverneur de la province, Omar Zwak. Les enquêteurs se sont rendus dans le district de Khanishin où "ils vont essayer d'entrer en contact avec le frère et le père de la fille. Ils vont également s'entretenir avec les policiers qui l'ont découverte et arrêtée", a-t-il ajouté.
Le récit de la jeune Afghane s'avère confus
Les enquêteurs tenteront également de confirmer les allégations de la gamine car le déroulement exact des faits reste confus. Après
avoir abandonné la veste piégée dans une rivière, à proximité du
barrage de police, elle serait rentrée chez elle pour prendre des
vêtements secs, courant le risque de croiser son frère, avant de
retourner se livrer à la police, selon des sources locales. La
chaîne afghane Tolo TV rapportait toutefois une version différente,
selon laquelle la fillette n'aurait en fait pas réussi à activer l'engin
explosif.
Spozhmai refuse désormais de revoir sa famille. "Je ne veux pas revenir chez moi. Mon père et mon frère sont des talibans et ils me tueront", a-t-elle déclaré aux policiers. La responsable locale des services de protection des femmes, Jamila Niazi, a indiqué qu'elle allait demander à ce que Spozhmai soit placée dans une résidence protégée à Kaboul.
Le président afghan Hamid Karzaï a appelé pour sa part les responsables locaux à s'assurer que Spozhmai pourrait à terme retourner vivre dans son district en toute sécurité, selon un communiqué de la présidence. Hamid Karzaï a également "condamné dans les termes les plus forts le fait d'utiliser des enfants pour mener des attentats suicide".
Les talibans, qui ont démenti ce mardi toute implication dans cette affaire, ont été accusés à plusieurs reprises d'avoir recours à de telles pratiques, ce qu'ils ont toujours nié. Les rebelles islamistes mènent une violente insurrection en Afghanistan depuis leur éviction du pouvoir en 2001 par une coalition militaire dirigée par les États-Unis.