Une journaliste de RTL travaille sur une écluse en Mayenne le temps d'une journée
PODCAST - Cet été, les journalistes de RTL découvrent de nouveaux métiers. Marie Guerrier a choisi de passer une journée avec un éclusier au bord de la Mayenne. Etre éclusier, ce n'est pas seulement ouvrir et fermer les portes et les vannes de l'écluse, c'est aussi accueillir, guider et être le gardien de la nature.
Les plaisanciers sur la Mayenne naviguent au rythme des écluses, il y en a 37 à franchir sur 60 kilomètres entre la ville de Mayenne et celle de Château-Gontier. Depuis 14 ans, Michaël Boutault est en charge de l'écluse de Port Rhingeard. C'est l'une des 24 écluses manuelles du département, 11 autres sont électrifiées, il y aussi une écluse hydraulique et une automatique à Laval.
Une écluse est un sas au niveau d'un barrage qui permet aux bateaux de franchir ce barrage. A chaque extrémité du sas se trouvent des portes qu'il faut donc, à Port Rhingeard, ouvrir et fermer manuellement en tournant un gros volant en métal. Tourner le volant permet d'actionner une crémaillère. "Il faut de l'huile de coude et les premiers jours, on a les épaules qui chauffent", raconte Michaël dans un sourire.
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Les portes ont deux battants, donc lorsqu'un battant est fermé, il faut faire tout le tour de l'écluse pour aller fermer le second. Michaël s'amuse des réflexions de ses enfants qui lui parle de son "pas d'éclusier" (un pas de course !) pour aller d'un côté puis de l'autre. Une fois que le bateau est enfermé dans le sas, il faut élever ou abaisser le niveau l'eau, remplir ou vider le bassin, pour permettre au bateau de poursuivre son chemin en remontant ou en descendant la rivière. C'est donc le moment d'ouvrir les vannes ! "On sait que c'est fini quand il n'y a plus de bouillon". Il lui arrive, certains jours, d'intervenir sur trois écluses, elles sont distantes les unes des autres de moins de 2 kilomètres, il enfourche alors un vélo électrique pour faire le trajet sur le chemin de halage.
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Sur la Mayenne, il y a des plaisanciers de longue date comme ce couple d'américain, Giuly et Chuck. Cela fait trente ans que tous les ans, ils louent un petit bateau pour naviguer quelques jours sur la rivière. Les éclusiers sont devenus des amis. "Ils nous connaissent et nous les connaissons, c'est une sensation agréable quand on revient," confient-ils. On passe du temps ensemble, avec Michaël, Dominique, Régis.
Et il y a "Pirate", qui est un éclusier fantastique que nous avons surnommé le Johnny Depp de la Mayenne. On pourrait écrire un livre sur la Mayenne, les meilleurs endroits pour amarrer. Et comment profiter de la nature, respirer, ne rien planifier" ! Giuly et Chuck savent franchir les écluses seuls quand c'est nécessaire, ils connaissent la manœuvre mais préfèrent largement quand il y a un éclusier ou une éclusière, pour la sécurité et la convivialité.
Les autres missions d'un éclusier
Actionner les portes et les vannes n'est pas la seule mission de Michaël. Il doit s'occuper de l'entretien et du fleurissement de l'écluse. Il a un budget pour cela et il fait du troc de graines ou des plantes avec les habitués du secteur. L'éclusier accueille tous ceux qui passent, un "bonjour", quelques mots échangés, ou de longues conversations, il renseigne aussi tous ceux qui s'interrogent : fonctionnement de l'écluse, infos sur la rivière, sur les sites touristiques proches, les endroits où dormir, où manger.
L'écluse de Port Rhingeard est située en face de l'abbaye du Port du Salut, là où les moines fabriquaient autrefois le fromage du même nom. Il y a encore des moines mais ils ne produisent plus de fromage et l'abbaye se visite. Pour tous ceux qui passent, l'éclusier a aussi à disposition de l'eau, une trousse à pharmacie et une caisse à outil ! Michael soigne les petits bobos et peut bricoler les vélos. Les marcheurs et cyclotouristes sont nombreux à emprunter le chemin de halage.
L'éclusier surveille la rivière : son niveau, la qualité de l'eau, les espèces animales qui gravitent autour de la Mayenne : les loutres et les castors sont de retour, c'est que la rivière va bien. Et puis, Michaël participe, sur l'écluse de Port Rhingeard, au suivi scientifique des anguilles. La barrage est équipé d'une rampe qui permet aux anguilles de remonter le courant. Certaines d'entre elles tombent dans ce qu'on appelle une "passe piège" ce qui permet à l'éclusier de les mesurer, les peser et évaluer leur nombre au fil de la saison. Tout est noté dans un registre. Puis les anguilles sont rejetées à la rivière pour poursuivre leur périple qui a commencer dans la mer des Sargasses dans les Caraïbes, elles traversent l'océan, remontent estuaires et rivières pour arriver jusqu'ici.
Un éclusier doit aimer la vie au grand air, sous la pluie ou le soleil. Il doit aimer à la fois la nature et le contact humain. Et il doit savoir nager ! L'annonce d'emploi du département de la Mayenne, qui s'occupe du recrutement, mentionne l'obligation d'un brevet de natation de 50 mètres. Le travail est saisonnier, du 1er avril au 30 septembre, 9h-19h notamment les week-ends. Pour 1.700 euros nets par mois.
