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Uber a perdu un milliard de dollars en six mois

REPLAY / ÉDITO - Dans le même temps, le chiffre d'affaires de la compagnie californienne aurait triplé. À ce rythme, le trou sera bientôt comblé.

François Lenglet
François Lenglet
Crédit : Damien Rigondeaud
Uber a perdu un milliard de dollars en six mois
00:03:10
LENGLET CO 14/01/2015
00:03:21
François Lenglet & Loïc Farge
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Uber, la compagnie qui fait concurrence aux taxis, aurait fait un milliard de dollars de pertes au premier semestre 2015. La société n'était-elle pas l'incarnation même du succès économique ? Cela n'est pas contradictoire. Le milliard de pertes s'explique par la croissance forcenée des investissements de l'entreprise sur les marchés émergents, en Inde et surtout en Chine, où un concurrent (Didi Kuaidi) a beaucoup de succès. Ce sont les dépenses de marketing et de publicité qui ont explosé sur ces nouveaux marchés. Uber est maintenant présent dans 350 villes dans plus de soixante pays. La concurrence est vive, tout comme la résistance des taxis, qui sont protégés par les réglementations spécifiques dans la plupart des pays.

Uber ne publie pas de comptes

Cela nous rappelle les pertes d'Amazon dans ses premières années. Le site de commerce en ligne est aujourd'hui le premier site de e-commerce du monde. Selon le journal américain qui révèle l'information, il y a des pertes qui se creusent bien sûr, mais le chiffre d'affaires d'Uber aurait aussi triplé en 2015. À ce rythme, le trou sera bientôt comblé. Car la croissance et la profitabilité des marchés mûrs va rapporter beaucoup à l'entreprise californienne. Et en particulier la France, qui est l'un des marchés les plus importants au monde pour l'entreprise. Travis Kalanick, le fondateur et propriétaire, vient d'ailleurs régulièrement chez nous défendre son modèle auprès du gouvernement.

Uber ne publie pas de comptes. C'est invraisemblable, mais c'est comme cela. C'est ce qu'on appelle aux Etats-Unis une "société privée", c'est-à-dire non cotée en Bourse, justement pour ne pas être embêtée avec les obligations de transparence qu'imposent les marchés financiers. C'est la mode aux États-Unis. La plupart de ce qu'on appelle les "licornes", c’est-à-dire les start-up qui valent plus d'un milliard de dollars, sont ainsi privées, contrairement à ce qui se passait il y a quinze ans, lors de la bulle Internet, où elles étaient mises en Bourse.

Confiance, secret et gros bénéfices

Si Uber ne publie pas de comptes, comment fait-il pour emprunter de l'argent et financer ses pertes ? C'est toute une technique. À chaque fois, Uber convainc des personnes fortunées ou de grosses entreprises de mettre au pot, contre une partie du capital. Ceux-là ont le droit de voir les comptes, de façon à pouvoir évaluer l'entreprise et ses perspectives. Ils donnent tant de centaines de millions, et reçoivent en contrepartie un pourcentage de la propriété de l'entreprise qui leur donnera droit, un jour, au même pourcentage des bénéfices. Ils se bousculent au portillon. Ils ont prêté plusieurs milliards en 2015. Il y a là le fondateur d'Amazon, l'État du Qatar, Google, les clients fortunés de Goldman Sachs... C'est tout le Who's Who de Californie.

Tout cela est complètement opaque. Tout se fait sur des rapports de confiance entre un tout petit groupe d'investisseurs et d'entrepreneurs, qui échangent des participations croisées, et contribuent à faire grimper les prix de leurs entreprises. C'est exactement comme dans la mafia : confiance, secret et gros bénéfices. Et ça marche. La dernière fois que Uber a sollicité des investisseurs pour obtenir de l'argent frais, l'entreprise était valorisée 62 milliards de dollars. Pas mal pour une boîte qui a tout juste cinq ans.

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