Prendre en compte les revenus générés par le trafic de drogue et la prostitution pour augmenter le PIB. L'idée qui a fait son chemin en Italie, en Suède ou en Espagne, touche désormais le Royaume-Uni.
L'an prochain, l'économie souterraine sera incluse dans le calcul de son produit intérieur brut (PIB). Cette mesure permettra de gonfler le PIB de 12,3 milliards d'euros, chaque année. Cela représente un peu moins de 1% du PIB global britannique.
Le Royaume-Uni emboîte ainsi le pas de l'Italie. Selon les prévisions d'Eurostat, l'organisme européen en charge des statistiques de l'Union européenne, ce rajout pourrait bien faire bondir le PIB italien de 2,4%, soit un point de plus que les prévisions. Le jeu en vaut la chandelle. En 2012, la Banque d'Italie a évalué la valeur de l'économie informelle à 10,9% du PIB.
Cette mesure n'est pas spécifique à l'Italie ou à la Grande-Bretagne. Le Parlement européen a demandé, en février dernier, aux États membres de chiffrer les revenus provenant de leur économie souterraine, dans le PIB, et cela dès 2014. La raison mise en avant par l'institution européenne est le souci d'équité.
À titre d'exemple, la vente de cannabis, légale aux Pays-Bas, dope le PIB du pays, par rapport à un autre où ce commerce reste hors-la-loi.
Selon une étude publiée en mai 2013 par l'Institut économique Molinari, l'économie souterraine en Europe représenterait 19,3% du PIB cumulé. En France, la prostitution, le trafic de drogue et autres sont évalués à 10,8% du PIB, soit 219,2 milliards d'euros.
"En France, une cigarette fumée sur cinq provient du marché noir", explique Cécile Philippe, directrice de l'institut. En ce qui concerne la vente d'alcool sur le marché, elle ne représente que 3% des ventes globales, car "l'alcool est peu fiscalisé en France, contrairement à d'autres pays comme la Suède où cela représente 54% du marché", ajoute-t-elle.
Mais la prise en compte de l'économie souterraine dans le calcul du PIB français ne semble pas être d'actualité. L'Insee, joint par Challenges, est catégorique : "Nous n'incorporons pas les activités illégales dans ces estimations, dans la mesure où les circonstances dans lesquelles s'effectuent ces activités (dépendance des consommateurs de stupéfiants, esclavage sexuel dans certains cas) ne permettent pas de considérer que les parties prenantes s'engagent toujours librement dans ces transactions."
Les sommes générées par l'économie parallèle des cinq premières puissances européennes (l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni), comptent pour les deux tiers du total européen, détaille l'étude. Si l'économie informelle "venait à disparaître […], cela pourrait même paradoxalement pénaliser l'économie dite 'officielle'. La seule solution pérenne consiste à 'libérer' le marché légal", analysent les auteurs du rapport.
Plusieurs méthodes ont été utilisées afin de chiffrer cette économie. La consommation d'électricité, les montants d'argent liquide utilisés dans l'économie, les résultats d'audits et les redressements fiscaux.
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