C'était un débat de qualité, avec des candidats dans l’ensemble bien préparés. L’offre programmatique de la droite est plus travaillée qu’elle n’a jamais été. Cela s’explique pour deux raisons. C’est d’abord l’effet primaire, les vertus de la concurrence. Cela tient ensuite au fait que la droite est dans l’opposition, contrairement à la fois dernière. La seconde chose à retenir, c’est la grande similarité des offres. La plupart des candidats ont les mêmes mesures : réforme du marché du travail, amaigrissement de l’État, baisse du coût du travail, remise en cause des 35 heures, baisse des impôts, report de l’âge de la retraite. C’est ce qu’on peut appeler un programme libéral. La droite n’a jamais été aussi à droite, au plan économique.
Il n’y a d’ailleurs pas de précédent en France à un tel programme, si ce n’est celui de Jacques Chirac et son équipe en 1986, lorsqu'ils ont remporté les élections qui ont conduit à la cohabitation. C’était à peu près les mêmes idées, qui ont d’ailleurs été appliquées pendant deux ans, avec un bon résultat économique et un mauvais résultat politique, puisque Chirac a été battu en 1988 par François Mitterrand.
Ce programme peut-il fonctionner ? Globalement, c’est la logique reaganienne. On baisse les impôts, on supprime les règles qui entravent les acteurs de l’économie, et en particulier les entreprises, dans l’espoir qu’à terme cela relance l’économie et que cela finisse par créer de l’emploi et rétablir les comptes publics, grâce aux rentrées fiscales. C’est la "politique de l’offre". Le problème, c’est que si ces programmes ont marché dans les années 1980, c’est que le niveau d’endettement était très faible. Il n'y avait pas trop de contraintes de ce côté-là. Par ailleurs, la conjoncture mondiale était bien meilleure.
2017 pourrait être une sorte de 1981 à l'envers
François Lenglet
Appliquer un tel programme dans une conjoncture européenne déprimée, ce sera moins facile. On observe d’ailleurs que la droite britannique, actuellement au pouvoir, insiste bien davantage sur les inégalités et sur le rôle protecteur de l'État, y compris au plan économique. C’est un paradoxe : c’est elle qui a inventé le libéralisme économique moderne avec Margaret Thatcher, et elle est la première à s’en détourner.
Cela veut dire que notre droite est un peu décalée au plan idéologique. C’est un programme de l'avant-crise financière, plutôt que de l’après. Il est vrai que la France est l’un des rares pays à ne pas l’avoir appliqué avant la crise. Cela nous met en retard sur le cycle idéologique mondial qui est passé à autre chose, et qui s’attache désormais à encadrer le marché plutôt qu’à le développer. 2017 pourrait être une sorte de 1981 à l’envers. Vous vous souvenez qu’en 1981 la France vote à gauche alors que le monde entier libéralise. C’est l’inverse qui pourrait se produire.
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