C'est le fonds Elliott qui a en effet acheté pour un milliard d'euros d'actions de Pernod Ricard, soit 2,5% du capital, et qui entend désormais peser sur la gestion de l'entreprise.
Pernod Ricard, ce sont les marques de petit Jaune, mais aussi la vodka Absolut, le cognac Martell, Malibu et bien d'autres. Avec 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires et près de 20 000 salariés, c'est le numéro 2 mondial des vins et spiritueux. L'entreprise est dirigée par le petit-fils du fondateur, Alexandre Ricard.
La principale motivation de cet investisseur new-yorkais est l'argent. C'est ce qu'on appelle un fonds activiste. Elliott est le plus fameux, et l'un des plus redoutés. Ces fonds identifient des entreprises, généralement des "belles endormies", dont ils pensent pouvoir améliorer la gestion, soit en changeant la stratégie, soit en vendant l'entreprise par morceaux.
Ils ne prennent généralement qu'une petite part au capital, mais tâchent de rallier à leur cause d'autres actionnaires de l'entreprise, pour s'imposer au conseil d'administration et faire prévaloir leurs vues.
Ensuite, ils revendent, encaissent leur plus-value, et s'attaquent à une autre proie. En 2018, plus de deux cents entreprises ont ainsi été la cible de ces activistes, que l'Europe commence à voir arriver. C'est la première fois qu'Elliott s'attaque à une entreprise du Cac 40.
Ils parviennent à leurs fins rapidement, en achetant des actions en bourse. Elliott recrute toujours des locaux pour mener l'offensive dans les contacts avec la cible, en l'occurrence il s'agit de trois polytechniciens français.
Cette fois, le fonds a pris comme conseil l'un des meilleurs esprits parisiens, connaisseur des réseaux de pouvoirs et du capitalisme français, Alain Minc. Pour appuyer leurs vues, ils cherchent à obtenir le soutien d'autres actionnaires, y compris à désunir la famille Ricard, qui possède 22% des droits de vote. Ce à quoi ils n'ont pas réussi jusqu'ici.
L'entreprise a fait un parcours boursier difficilement contestable depuis cinq ans, avec +70%. C'est bien mieux que Diageo, son rival, le N°1. Bien que Diageo ait de meilleures marges opérationnelles.
Ricard se défend quant à lui en expliquant qu'il a investi en Chine et en Inde, qui sont les marchés les plus importants à terme. Eliott lui reproche aussi un système de pouvoir "à l'ancienne", où la famille occupait une part trop importante.
Une faiblesse dont Alexandre Ricard avait conscience. Il avait par exemple recruté à son Conseil une autre personnalité respectée et influente dans les milieux économiques français, Patricia Barbizet, arrivée tout récemment.
C'est une guerre d'influence qui va se jouer sur plusieurs mois. Avec des arguments rationnels, et d'autres moins. Tous les coups sont permis. Il y a eu des affaires analogues où les personnages-clé ont été intimidés, pour les faire changer de camp.
On peut y voir la vie du capitalisme, des batailles d'hommes pour l'argent, le pouvoir. Mais aussi l'affrontement entre deux visions de l'entreprise. L'entreprise familiale contre une forme de "court-termisme", à finalité exclusivement financière.
Le premier set du match se jouera le 7 février prochain, lorsque Pernod Ricard va publier ses résultats financiers pour 2018. Si ceux-ci s'avèrent faibles, ce serait un mauvais point pour Alexandre Ricard. S'ils sont bons, c'est Elliott qui va devoir mettre de l'eau dans son pastis.
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