La répartition de la marge entre les paysans, les industriels et les commerçants est le nœud de tous les débats et manifestations en cours. Quand il y a 100 euros dans un chariot alimentaire, il faut savoir que le commerce (les grands distributeurs) récupèrent 19,80 euros. Les fournisseurs d’engrais, pesticides et nourriture pour animaux, s’octroient 15,30 euros. Ensuite, il y a 14,30 euros pour les importations, quand 13,20 euros sont destinés aux industriels de l’agroalimentaire. Les taxes ponctionnent 9,30 euros. Enfin, tout au bout de la chaîne, les agriculteurs, les éleveurs et les maraîchers se partagent 8,20 euros. Avec ces chiffres en tête, on a une idée de l’ampleur du problème agricole.
Cette répartition peut-elle se rééquilibrer ? Les rapports de force ne sont pas en faveur des paysans. L’agriculture, que l’on sanctifie tous les ans à Paris lorsqu'elle fait salon, ne pèse plus beaucoup dans l’économie nationale : à peine 1,5% de la production de richesse totale. C’était près de 5% sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. Depuis, il y a eu des centaines d’opérations coup de poing. Elles n’ont rien changé. Structurellement, nos agriculteurs sont dans une tenaille. Ils sont pris entre des industriels, qui leur font supporter le poids de la toute-puissance des centrales d’achat, et des comptes d’exploitation qui croulent sous les dettes (170.000 euros en moyenne, beaucoup plus pour un jeune paysan).
Par ailleurs, il y a dans le monde trop de lait : nos producteurs ont surestimés la consommation chinoise. Il y a aussi trop de porcs : les Européens les multiplient au-delà des besoins et des Russes qui font embargo. Le bœuf est trop cher à produire et à découper, et sa consommation patine.
Pourquoi la France et l'Europe n’ont-elles pas de réponse efficace ? Parce que notre agriculture est cogérée par un État sans autre stratégie que de favoriser les prix bas, donc une grande distribution surpuissante et une FNSEA qui est libérale et productiviste. On a fait le choix de la course aux rendements. Les paysans, en bons soldats, s’y sont pliés. C’était jouable quand la PAC représentait 50% du budget européen. C’est impossible quand elle ne pèse plus que 38% et que nos partenaires veulent la raboter drastiquement. Notre modèle est à rebâtir sur de nouvelles fondations.
14/20 à Augustin de Romanet. Le patron d’Aéroport de Paris a réussi à faire revivre le dossier de la liaison express entre la capitale et l’aéroport de Roissy. Après vingt ans d'atermoiements, il sera au Conseil des ministres du jour.
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