Le 500 euros, c'est ce fameux billet rose dont tout le monde parle mais que personne ne voit. Il ne représente que 3% des billets en circulation, mais compte pour 300 milliards de la circulation fiduciaire. Et voilà que les autorités européennes préparent sa fin, pour "lutter contre le crime organisé et le terrorisme". On a toutes les raisons de penser que grosses coupures et fraude sont liées. Le billet de 500 facilite la vie des trafiquants, parce qu'il permet de stocker plus facilement. Un million d'euros en billets de 500, cela pèse deux kilos, alors qu'en billet de 100, c'est dix kilos, et beaucoup plus encombrant.
Les policiers trouvent nos fameux billets roses roulés dans des pièces de charcuterie, ou bien dans des préservatifs que les passeurs avalent. Comme par hasard, c'est à proximité des frontières qu'on en trouve le plus, soit qu'ils viennent du produit des trafics, soit de l'évasion fiscale. Le "Bin Laden" est le support idéal pour la fraude. La meilleure preuve, c'est que dans certains restaurants du XIIIème arrondissement à Paris, on accepte les billets de 500 pour pouvoir ensuite les revendre aux mafias, qui les achètent 520 euros. C'est ce qu'avait révélé un reportage d'Envoyé spécial, sur France 2.
Une disparition totale de l'argent liquide un jour est tout à fait possible
François Lenglet
On savait pourtant bien cela lorsqu'on a fait l'euro, en 2002. Les Américains, par exemple, ont arrêté de produire les billets de 500 dollars dès la fin des années 1969, notamment pour cette raison-là. Mais quand on a fait l'euro, on a accédé à une demande Allemands, qui avaient auparavant un billet de 1.000 deutsche marks (cela correspond à peu près à 500 euros) et qui voulaient conserver une très grosse coupure pour payer en liquide. Les Allemands restent très attachés au numéraire. Bild-Zeitung, le grand journal populaire, a lancé une campagne pour conserver le billet de 500, au nom de la liberté. C'est vrai que les paiements électroniques laissent des traces. En Europe, il n'y a que la Suisse qui possède un billet de 1.000 francs, c'est-à-dire 910 euros. La Grande-Bretagne, elle, a limité ses coupures à 50 sterlings seulement (65 euros).
Peut-on imaginer une disparition totale de l'argent liquide un jour ? C'est tout à fait possible, grâce au développement des paiements électroniques et à la tendance des gouvernements de réduire de plus en plus l'espace de liberté individuelle, qui échappe aux radars. Certains économistes préconisent même cela pour relancer la croissance. Dans une période où les ménages rechignent à dépenser comme aujourd'hui, dans un monde sans cash il suffirait d'appliquer un taux d'intérêt négatif aux dépôts bancaire, c'est-à-dire de prélever tous les mois une somme sur l'argent qui dort sur les comptes. Nous regretterions alors nos billets colorés qui donnent la liberté de dépenser où l'on veut, quand on veut.
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