Alors qu'un accord semble se finaliser en Ukraine, un autre conflit entre l'Europe et la Russie se dessine au Sud, c'est la Grèce. Il s'agit d'un front économique et financier. Serguei Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, a déclaré que son pays examinerait toute demande d'assistance financière de la Grèce, si celle-ci en faisait la demande. La Grèce, a-t-il poursuivi, est en situation difficile à cause de "l'attitude unilatérale et illégitime des Occidentaux".
Il faut bien sûr comprendre l'attitude de la Troïka (la Commission, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne) qui veut que la Grèce rembourse toutes ses dettes et poursuive un programme de redressement économique qui a été très douloureux.
Ça veut dire que Moscou pourrait se substituer à Bruxelles pour faire les fins de mois d'Athènes. À partir du 1er mars prochain, la Grèce doit rembourser une quinzaine de milliards d'euros, et elle n'a pas un radis. La Russie pourrait financer cela sans problème. Malgré la crise financière grave qui le frappe avec la chute du pétrole, le pays possède encore des réserves de changes de plus de 200 milliards de dollars.
Moscou a des intérêts considérables à prêter de l'argent à un pays qui ne le rendra pas. La Grèce, c'est les Balkans. C'est une région qui obsède la Russie depuis plusieurs siècles. Elle gouverne l'accès aux mers du sud (la Méditerranée et la Mer noire), et donc les routes maritimes pour le commerce et la guerre.
La Grèce, c'est aussi une terre de passage pour le futur pipeline qui reliera la Russie à la Turquie. La Grèce, c'est un "cheval de Troie" au sein de l'Union européenne et au sein de l'Otan, dont Athènes fait partie.
Pour le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, la Russie n'est qu'une seconde option, après l'option européenne, mais elle existe. Ce nouveau gouvernement grec est pro-russe. Il s'est, par exemple, opposé au durcissement des sanctions économiques que l'Europe à imposées à la Russie.
La première personnalité reçue par Tsipras, après son élection, c'était l'ambassadeur de Russie. Le nouveau ministre de la Défense grec est très proche des nationalistes russes.
Quid de la population grecque ? Voilà longtemps qu'elle était anti-américaine. Elle est devenue, au moins en partie, anti-européenne avec la crise, et du coup pro-Kremlin. Il y a de plus un cousinage culturel entre les deux pays, ne serait-ce qu'avec la religion orthodoxe commune.
Cela voudrait bien sûr dire que la Grèce sortirait de l'Europe si elle acceptait les offres de services de Moscou. Ce serait impensable de rester dans l'Union et dans l'euro. C'est pour cela que ce n'est pas fait. Les Grecs évoquent cette possibilité comme un chantage vis-à-vis de Bruxelles.
Mais l'épisode révèle le retour des Balkans comme scène d'affrontement économique et stratégique entre les grandes puissances, comme au début du XXème siècle, avant la guerre de 1914-18.
À l'époque, il y avait une rivalité entre la Russie et l'empire d'Autriche-Hongrie. Aujourd'hui, c'est la rivalité entre la Russie et l'Europe. La Russie profite de ce que le projet européen a perdu de son magnétisme, à cause de la crise, pour enfoncer des coins en Europe.
Elle le fait avec la Grèce de Syriza on l'a vu, mais aussi en Autriche, où elle est proche de l'extrême-droite, ou encore en France, où elle finance le parti le plus anti-européen, le Front national.
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