La plus grande banque allemande Deutsche Bank a versé par erreur 6 milliards d'euros à un client qui n’en demandait pas tant. Une bourde ou un scandale ? Les deux. Une bourde car un transfert de ce gabarit est exceptionnel même dans les plus grands établissements. Dans le cas présent c’est une faute encore aggravée car elle été commise dans un service très qualifié qui regroupe des traders spécialisés sur les marchés des changes. C’est aussi un scandale car Deutsche Bank, le 1er établissement financier allemand, n’a à l’évidence aucune procédure de contrôle digne de ce nom. Pas même ce que les vieux banquiers appellent le système des 4 yeux qui impose double regard et double validation pour ce genre d’opération.
Cette erreur sera sans conséquence financière immédiate. Le fonds spéculatif américain qui a reçu les 6 milliards a eu l’élégance de les retourner à l’envoyeur. Un geste plus que bienvenu : Deutsche Bank va en effet afficher une perte de plus de 6 milliards pour le seul 3ème trimestre écoulé. Mais si la situation financière de l’établissement n’est pas aggravée à court terme, sa réputation professionnelle est désormais sérieusement entachée. Ce qui dans sa situation est probablement le pire qui pouvait lui arriver.
Deutsche Bank va donc y laisser des plumes. Cette faute professionnelle vient après une cascade de dérapages éthiques. Cette banque aura été de tous les grands scandales financiers de la décennie : magouille sur les droits à polluer, manipulation des taux interbancaires, blanchiment en Russie, détournement d’embargo en Iran, opérations fumeuses aux États-Unis avec 2,5 milliards de dollarsd’amendes à la clé.
Au total, Deutsche Bank est empêtrée dans plus de 6000 dossiers judiciaires. Ce qui pourrait lui coûter au moins 1,5 milliard de plus. Evidemment les sanctions vont tomber. La direction va être remaniée et beaucoup plus dramatique 23.000 des 94.000 emplois de la banque seraient sur la sellette. Mais on peut aussi penser qu’après Volskswagen et Bosch dans l’industrie, Deutsche Bank dans la finance, c’est le mythe même du célèbre label "Deutsche Qualitat" qui en prend un sérieux coup.
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