Vous connaissiez la SA, la société anonyme, la SARL, société anonyme à responsabilité limitée. Nous avons désormais la SARI : la société anonyme à responsabilité illimitée. C'est l'État. Édouard Philippe a en effet donné dimanche les dimensions incroyables du gigantesque plan de sauvetage de l'économie française, lors de sa conférence de presse.
Près d'une entreprise sur deux a fait appel aux aides du chômage partiel, qui permet de payer sur fonds publics les salariés en cas de cessation temporaire d'activité. Ça fait 700.000 entreprises. Et près d'un salarié français sur deux, 9,3 millions de personnes, est désormais payé au titre du chômage partiel. En outre, un million de demandes ont été adressées au fonds de solidarité, qui indemnise les indépendants et petits entrepreneurs. Et 130.000 entreprises ont encore bénéficié d'une garantie publique pour les emprunts qu'elles contractent, afin de passer la crise.
Une entreprise peut bénéficier des deux aides, chômage partiel et garantie publique, c'est comme ça la SARI... Regardez Fnac-Darty par exemple, un gros vendeur d'électroménager et de produits culturels. Fermeture au moment du confinement, le chiffre d'affaires plonge d'un peu plus de 30% sur le mois de mars. Et bien l'État arrive des deux côtés, paye 80% des salariés au chômage partiel, et vient de garantir les trois quarts d'un prêt de 500 millions d'euros.
L'argent est prêté par des banques, mais si Fnac-Darty ne parvient pas à rembourser ce crédit, c'est le contribuable qui se substituera à lui pour payer les échéances, à hauteur de 70%. En clair, l'État se substitue à l'entreprise pour payer les salaires et contracter des prêts. Il a en réalité nationalisé Fnac-Darty, en laissant la conduite des affaires à l'actuelle direction.
Bon, l'État n'avait pas tellement le choix, devant la catastrophe économique, c'est vrai. On se demande quand même si le dispositif du chômage partiel est bien calibré. Parce que 9,3 millions de salariés en France, c'est-à-dire presque la moitié, alors que l'activité ne chute que d'un tiers, c'est beaucoup. Neuf millions de chômeurs partiels alors qu'aux États-Unis, il y en a 22 millions, c'est-à-dire un peu plus du double alors que l'économie est six fois plus importante qu'en France. Cela semble suggérer que les entreprises françaises ont profité du dispositif au-delà de leurs besoins réels, peut-être par crainte de l'avenir, plus que par besoin aujourd'hui.
Ça n'est pas fini. À écouter les explications d’Édouard Philippe dimanche, le déconfinement ne va être que très progressif, notamment pour la reprise des écoles. Pas de rentrée officielle le 11 mai, mais un joyeux bazar, où certaines classes vont reprendre, personne ne sait encore lesquelles, et même, au sein de certaines classes, certains élèves, dits prioritaires, parce qu'ils sont moins bons ou moins entourés en matière scolaire, dans leur famille.
Noble objectif, mais pas simple à organiser. Pendant tout ce temps-là, ça veut dire jusqu’à l'été, l'économie ne peut pas reprendre normalement, à cause des gardes d'enfants. Idem pour le tourisme, l'hôtellerie, la restauration, qui nécessiteront des plans d'aide spécifiques. Sans oublier le plan de relance, puisque l'État, déjà substitué aux employeurs et aux banquiers, va bientôt remplacer le consommateur. Vous voyez que la SARI a de beaux jours devant elle.
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