La très forte chute du baril d'or noir que nous connaissons depuis quelques semaines pourrait avoir des conséquences inattendues sur le secteur du gaz et du pétrole de schistes.
C'est une véritable bulle spéculative qui est en train d'exploser aux États-Unis.
On imagine que ce sont les grandes compagnies qui forent le sol pour trouver du pétrole. Pas du tout : c'est un secteur économique très important. Il y a 20.000 sociétés qui vivent de l'extraction, plus ou moins grandes, dans une quinzaine d'État américains. Bon nombre d'entre elles se sont endettées énormément pour participer à la ruée vers l'or du schiste. Elles risquent aujourd'hui la faillite.
Tout cela, à cause de la chute des cours. Parce que pour trouver de l'argent, elles avaient promis aux investisseurs qui leur prêtaient des taux d'intérêt très élevés (jusqu'à 9% par an quelque fois, mieux que le Livret A !). Ces rendements étaient possibles avec un cours du pétrole élevé. Les entrepreneurs comptaient gagner des fortunes.
Bon nombre de projets d'exploitation des schistes ne sont plus rentables aujourd'hui
François Lenglet
C'est toujours l'éternelle illusion : celle de la bulle spéculative. On l'a connue sur l'immobilier, et sur l'internet il y a quinze ans. Maintenant que les cours ont chuté, ces entreprises sont comme Perrette qui a renversé son pot au lait dans la fable de La Fontaine. Elles risquent de ne pas pouvoir payer leurs dettes. Du coup, tout ceux qui leur ont prêté prennent peur. C'est ce qui a expliqué en partie le krach boursier des jours derniers.
À 60 dollars, bon nombre de projets d'exploitation des schistes ne sont plus rentables dans les conditions de financement délirantes évoquées plus haut. Pour ceux qui avaient été plus prudents, le seuil est plutôt à 40-45 dollars. Il va donc y avoir des licenciements dans l'industrie américaine.
Pourtant, les hydrocarbures de schistes sont importants dans la croissance du pays. Cela a fait baisser le prix de l'énergie pour toute l'industrie, mais aussi à cause du boom du secteur lui-même. Il a ajouté 300 milliards de dollars par an à l'économie de l'Oncle Sam depuis 2009, c'est-à-dire un bonus d'au moins un point et demie de PIB chaque année.
Les postes de travail dans le secteur pétrolier ont progressé de plus 40% sur la période. Si l'Amérique n'avait pas profité de ce surplus, elle aurait connu une croissance de l'emploi à peine positive.
C'est d'ailleurs dans un État pétrolier, le Texas, que 40% des emplois créés aux États-Unis depuis 2009 ont vu le jour. Dans la seule ville de Houston, il y a eu l'année dernière plus de mises en chantier de logements que dans toute la Californie.
Au Texas, 40% des emplois créés aux États-Unis depuis 2009 ont vu le jour
François Lenglet
La reprise américaine, c'est celle du pétrole. Cela signifie que si les cours restent aussi bas, les États américains concernés vont connaître une crise.
Cela peut avoir des conséquences importantes en Europe. Les pays qui ont entamé des expérimentations iront plus prudemment, car ils seront plus vigilants sur la rentabilité. Quant à ceux qui y avaient renoncé pour des raisons environnementales - la France en particulier - ils vont être confortés. C'est peut-être non pas la fin des schistes, mais fin des illusions sur cette révolution.
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