Ce sont les Russes eux-mêmes qui sont en train de convertir leurs économies en dollars ou en euros, par peur de les voir fondre à cause de l'aggravation de la crise financière.
Depuis la mise en oeuvre des sanctions économiques contre Moscou, à cause de l'affaire ukrainienne, la Russie connaît une fuite massive des capitaux. Cette fuite est accélérée par la chute des prix du pétrole, qui va mettre à mal le gros exportateur brut qu'est la Russie.
Une monnaie, c'est comme n'importe quel bien : quand on la vend massivement, son prix (son taux de change) baisse. Plus les Russes se précipitent pour se protéger de la dévaluation en vendant leurs avoirs, plus ils provoquent ce qu'ils redoutent.
Il n'y a pas de limite à la baisse d'une monnaie. On peut perdre 20% par jour jusqu'à la fin des temps, on n'arrivera toujours pas à zéro. Au moment de la crise asiatique de 1997, des monnaies comme la roupie indonésienne ont perdu 80% de leur valeur initiale. En décembre 1922 (au temps de l'hyperinflation allemande), le kilo de pain valait 100 milliards de marks et les prix étaient multipliés par cinquante dans la journée.
Les entreprises russes, endettées en euros ou dollars, vont avoir une dette énorme à rembourser
François Lenglet
La Russie n'en est pas là, mais sa monnaie a quand même perdu la moitié de sa valeur depuis un an. C'est à peu près comme la hryvnia ukrainienne : ce sont les pires performances de l'année 2014.
La banque centrale russe a brusquement relevé ses taux d'intérêt à 17%. L'idée, c'est de tenter de convaincre les épargnants de laisser leurs économies à la maison en roubles en les rémunérant fortement. Cela ne suffit pas.
Tout cela a des conséquences en Russie. Avec des taux à 17%, il n'est plus possible de s'endetter là-bas. Il n'y a plus d'investissements. Avec la chute du prix du pétrole, les revenus du pays vont s'effondrer. Les entreprises russes, endettées en devises (euro ou dollar), vont avoir une dette énorme à rembourser. La valeur de leur chiffre d'affaires s'effondre par rapport à celle de leurs emprunts. Le pays se prépare à une sévère récession en 2015.
Ce n'est pas seulement la faute à "pas de chance". La stratégie économique de la Russie a été désastreuse, en se reposant sur la manne du sous-sol : les matières premières. C'était une stratégie de rentier, au finale coûteuse. Dans le développement économique, la richesse trouvée rapporte toujours moins que la richesse créée avec le travail et l'innovation.
Le principal risque, pour l'Europe, est financier, via les banques (notamment allemandes). Mais au plan commercial, l'économie russe n'est quand même pas très intégrée à celle de l'Europe. Certains secteurs vont quand même souffrir chez nous : le luxe, le vin, les bateaux et le tourisme haut de gamme. la saison va être mauvaise dans les stations de ski huppées.
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