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Carmat : pourquoi le fabricant de cœurs artificiels est-il en cessation de paiements ?
Carmat, fabricant de cœurs artificiels, a annoncé être en cessation de paiements ce lundi 30 juin. En une seule journée, l'action du groupe avait perdu 65% de sa valeur.
Un cœur artificiel Carmat.
Crédit : BERTRAND GUAY / AFP
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Gros coup dur pour une des pépites de la science française. Carmat, le fabricant français du premier cœur artificiel s'est déclaré en cessation de paiements ce lundi 30 juin.
L'histoire de Carmat commence dans les années 90 par une contraction entre deux noms. Celui du professeur Alain Carpentier, cardiologue à l'hôpital Georges Pompidou à Paris. Il est l'héritier du professeur Cabrol, qui avait réussi la première transplantation cardiaque en 1968. "Car" de Carpentier et "Mat" de Matra Défense. Derrière ce grand industriel du XXe siècle, il y a Jean-Luc Lagardère. Matra, ce sont des armes, des avions avec Airbus, des voitures avec le Renault Espace et puis un cœur artificiel. C'est le mariage de "Rodrigue as-tu du cœur ?" et de "Lagardère viendra à toi".
Carmat voit seulement le jour en 2008 car pendant près de 20 ans, scientifiques et industriels vont engloutir du temps et de l'argent à mettre au point ce cœur artificiel de transition. 550 millions d'euros ont déjà été injectés depuis le début.
En 2010, le groupe Carmat est introduit en bourse parce qu'il a besoin de beaucoup d'argent pour avancer. La première transplantation d'un cœur artificiel a lieu en 2014. Au plus haut de sa carrière en bourse, l'action Carmat vaut 100 euros. Ce lundi 30 juin, elle a été suspendue pour éviter toute spéculation tant que sa situation n'était pas réglée. L'action valait 30 centimes. Il y a une semaine, elle avait perdu 65% en une seule journée.
Les cœurs implantés ont-ils été un succès ?
Carmat est encore dans sa phase expérimentale, ce qui peut paraître fou au bout de 30 ans. En 10 ans, il y a eu 122 patients traités, des cas d'insuffisance cardiaque désespérés. L'an dernier, il y a eu 42 implantations. Il s'agit d'un système transitoire, pas définitif, en attendant de recevoir un vrai cœur. La promesse est que 70% des malades soient toujours en vie au-delà de 6 mois. Une vraie transplantation cardiaque vous promet de vivre 20 ans de plus.
Chaque cœur Carmat coûte 150.000 euros. L'entreprise espérait pouvoir le faire rembourser par la Sécurité sociale à terme, cela aurait sans doute fait débat. Il faut deux mois et demi pour en fabriquer un. L'enjeu est énorme. Il y a 500 greffes de cœur par an en France, mais 10.000 personnes sont sur liste d'attente. Le système Carmat permet d'attendre mais le corps médical a toujours eu du mal à faire totalement confiance à cette solution mécanique.
Pourquoi le groupe est-il en cessation de paiements ?
Il y a eu des problèmes de gestion, de communication qui ont jeté un doute sur la solidité de l'entreprise. Le modèle économique est aussi structurellement déficitaire pour l'instant : 7 millions d'euros de chiffres d'affaires l'an dernier pour un besoin de 35 millions de financements. Carmat a fait rêver pendant des années mais l'entreprise a été rattrapée par la réalité économique. Carmat reste une pépite que d'autres récupéreront peut-être. Le groupe emploie 180 personnes.
