Donner du temps de cerveau aux annonceurs pour pouvoir téléphoner, envoyer des SMS et surfer sur le Web avec son mobile. Telle est la formule proposée depuis mercredi 24 janvier par Blu, la nouvelle offre de téléphonie de l'opérateur français Prixtel. Blu adapte à la téléphonie le concept free-to-play qui a connu un grand succès dans les jeux vidéo pour mobiles à travers Candy Crush ou Clash of Clans. Blu propose aux consommateurs - les jeunes adultes et les adolescents sont visés en priorité - un forfait mobile 4G gratuit, entièrement financé par la publicité et des opérations commerciales.
Le principe est le suivant. Les utilisateurs gagnent des "éclairs", la monnaie virtuelle de l'opérateur, en regardant des publicités, en répondant à des sondages, en testant des applications ou en jouant à des jeux. Plus le nombre de missions remplies est élevé, plus les crédits s'accumulent. L'utilisateur est régulièrement invité à passer des niveaux pour faire le plein d'"éclairs", comme dans un jeu vidéo. Il peut ensuite choisir une offre mobile en fonction de ses ressources en "éclairs".
Au regard des conditions d'utilisation du service, un utilisateur doit accepter de très nombreuses sollicitations publicitaires s'il souhaite profiter de services courants de la téléphonie. Étant donné que le visionnage d'une vidéo donne droit à quatre "éclairs" et que chaque mégoctet consommé coûte 16 "éclairs", il faudra visionner quatre publicités pour obtenir un mégoctet de données. Autant pour passer un appel d'une minute. Un SMS coûte 8 "éclairs". Les clients lassés de consommer de la publicité peuvent acheter des "éclairs" avec leur carte bancaire.
Interrogé par Le Monde, David Charles, PDG de la société installée à Aix-en-Provence, affirme qu'un client doit répondre à trois sondages de quinze minutes, parrainer deux amis et tester quatre applications pour accéder à 10 gigaoctets de données ou, au choix, à 5 heures de conversations, aux SMS illimités et 2 gigaoctets de données. Soit entre une heure et une heure et demi de son temps en moyenne de son temps consacré chaque mois à ces activités.
Ce matraquage publicitaire n'émeut pas l'entrepreneur. "De toute façon, la réalité, c'est que les jeunes sont déjà habitués à regarder de la publicité pour accéder à des contenu", explique David Charles au Monde. "Là, au lieu de jouer à Candy Crush dans les transports, ils n'auront qu'à jouer à son équivalent sur Blu. Nous ne faisons que monétiser des usages qui existent déjà", se défend-t-il.
Disponible sur Android et prévu sur iOS à terme, Blu a déjà séduit 50.000 utilisateurs lors de sa phase de test. Prixtel vise 100.000 nouveaux abonnés dans l'année et espère passer le cap des 200.000 clients avant mi-2019 afin d'être rentable.