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Peut-on trouver un toit à tous les sans-abri ?

INVITÉS RTL - Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l'Habitat durable et Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au logement tentent de trouver des solutions pour les mal-logés.

Un SDF, à Paris (image d'illustration).
Un SDF, à Paris (image d'illustration).
Crédit : JOEL SAGET / AFP
Peut-on trouver un toit à tous les sans-abri ?
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Peut-on trouver un toit à tous les sans-abri ?
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Yves Calvi & Léa Stassinet

La vague de froid arrive à partir de ce mardi 17 janvier en France, et la situation des personnes sans domicile fixe préoccupe aussi bien les pouvoirs publics que les Français. En période de campagne électorale, certains candidats, comme Jean-Luc Mélenchon souhaitent "créer un monde où aucune personne ne dorme dans la rue". Mais est-ce vraiment possible ? 

"Je pense que ça peut être possible mais c'est difficile d'en faire un slogan politique", explique Emmanuelle Cosse. "Sortir des gens de la précarité cela veut dire régler des tas de problèmes : la question de la pauvreté, des troubles psychiatriques, la question des personnes incarcérées qui se sont retrouvées sans rien à la sortie...". La ministre du Logement estime que "c'est un travail de longue haleine. Ce sont des personnes qui sont parfois dans des situations compliquées depuis 10,15, 20 ans". 

Je ne pourrai jamais tenir un discours disant : j'ai la recette magique et dans 2 ans je vous résoudrai tout ça.

Emmanuelle Cosse

Emmanuelle Cosse souhaite également rappeler que le risque mortel pour les sans domicile fixe est aussi grand l'hiver que l'été. "Là il fait très froid, mais dans 15 jours, quand il fera moins froid, moi je continuerai à ouvrir des places d'hébergement. L'indignation des Français sur ce problème est logique, mais en tant que politique je ne pourrai jamais tenir un discours disant : j'ai la recette magique et dans 2 ans je vous résoudrai tout ça". 

Mais alors concrètement, que peut faire le ministère du Logement pour venir en aide aux plus vulnérables ? "Déjà augmenter les places d'hébergement, ce qui a été fait pendant 4 ans. Aujourd'hui nous avons plus de 120.000 places pérennes c'est-à-dire ouvertes toute l'année, alors qu'il n'y en avait qu 82.000 en 2012", explique Emmanuelle Cosse. La ministre du Logement affirme par ailleurs ouvrir des volants supplémentaires de places d'hébergement en période hivernale, arrivant à un total de 131.500 places d'hébergement en ce moment. 

Il faut beaucoup de temps pour convaincre les personnes de sortir de leur isolement de la rue et de retrouver le contact avec la société

Emmanuelle Cosse
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Mais il y aurait encore entre 10.000 et 20.000 personnes qui "occasionnellement ne sont pas hébergées", selon la ministre, qui estime "qu'il faut beaucoup de temps pour convaincre les personnes de sortir de leur isolement de la rue et de retrouver le contact avec la société". 

Emmanuelle Cosse revient ensuite sur les différents types de publics hébergés. "Il y a d'abord des gens qui n'ont pas de papiers, ensuite il y a des personnes en très grande exclusion, avec des addictions lourdes, des troubles psychiatriques et qui ont besoin d'un parcours de soins. Et enfin il y a des familles aux faibles revenus mais qui n'ont pas de problèmes sociaux. Et là, la question qui se pose est celle de la construction de logements sociaux. La question de l'hébergement se résoudra par une politique de logement abordable et donc avec des loyers très bas". 

À ce sujet, la ministre du Logement est interpellée par Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole du Droit au logement, le DAL. "On n'a pas travaillé sur le fond. Les logements sont très chers dans notre pays. Par exemple, à Saint-Ouen en banlieue nord de Paris, le loyer est plus cher qu'à Paris. On est dans un mécanisme où la loi ne s'est pas appliquée, de plus en plus de familles sont mises dehors. Est-ce que la solution ne serait pas de baisser les loyers, d'augmenter les APL (Aides personnalisées au logement) et de réquisitionner les biens vacants ?"

La réquisition des logements vacants, la clé du problème ?

"Un travail considérable a été fait sur la réquisition des biens publics, que l'on utilise pour accueillir des migrants ou encore créer des centres d'hébergement. En Île-de-France, on a récupéré beaucoup d'hôpitaux vides", répond Emmanuelle Cosse. Mais pour la réquisition des bâtiments privés vacants, la question est plus compliquée. "Le droit n'est pas de notre côté, c'est très complexe à mettre en oeuvre", concède la ministre. Mais il existe d'autres biais, comme par exemple taxer ces logements privés vacants et appeler les propriétaires personnellement, pour les informer qu'il existe notamment une incitation fiscale importante s'ils décident de remettre leur bien en location. 

Enfin, Emmanuelle Cosse veut revenir sur un argument de campagne utilisé par certains candidats à l'élection présidentielle. "Une partie des candidats veut supprimer la Loi à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU), qui impose la construction de logements sociaux dans toutes les communes de France et qui a montré son efficacité. Toute les personnes qui soutiennent cette suppression de la loi, ce sont des gens qui vont agir contre la lutte contre la précarité et pour l'accès au logement". 

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