Olivia Cattan : "La France est très en retard sur les violences faites aux femmes"

Olivia Cattan, présidente de l'association Paroles de Femmes, s'est insurgée ce vendredi 31 octobre contre la récente condamnation de Jacqueline Sauvage. Cette femme et mère de famille a vécu un enfer conjugal pendant plusieurs dizaines d'années avant de tuer son mari en septembre 2012. 

Pour avoir tiré trois coups de fusil dans le dos de son conjoint, la Cour d'Assises l'a condamnée à 10 ans de prison. "Je ne comprends pas ce verdict. On avait l'affaire Lange où les choses avaient semblé avancer mais en France, on est encore en retard par rapport à d'autres pays dans les violences faites aux femmes", a regretté la présidente de l'association. 

Partir de chez soi les enfants sous le bras, ce n'est quand même pas simple

Olivia Cattan, présidente de Paroles de Femmes

La question de la passivité a été au cœur de cette affaire. Jacqueline Sauvage n'a jamais porté plainte contre son mari malgré les coups reçus et les viols de ses filles. Pour Olivia Cattan, c'est un passage extrêmement difficile : "C'est difficile, surtout quand on a des enfants... Partir de chez soi avec les enfants sous le bras, ce n'est quand même pas simple (...) Il y a un phénomène de peur".  

Des tribunaux spéciaux ?

Les femmes ne sont pas passives, elles sont dans un engrenage moral et psychologique

Olivia Cattan, présidente de Paroles de Femmes

Comme aux Etats-Unis, au Brésil, en Espagne et même au Népal, Olivia Cattan souhaite la mise en place de tribunaux spéciaux dans les violences faites aux femmes : "Les jurés ne connaissent pas l'engrenage dans lequel les femmes se trouvent quand elles sont victimes de violences (...) Les femmes ne sont pas passives, elles sont dans un engrenage moral, psychologique car un homme violent ne va pas tout de suite frapper sa femme". 

Le 25 novembre, la Journée internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes tentera encore une nouvelle fois de mettre en lumière ce phénomène qui a tué 121 femmes en 2013 alors que 400.000 personnes ont été victimes de violences conjugales sur les deux dernières années.