"Il est décédé, le mec... Là, c'est vachement grave... Faut pas qu'ils le sachent..." D'après des retranscriptions de propos tenus par des gendarmes, il apparaît que ces derniers ont très vite compris la gravité de la situation après le tir de grenade soupçonné d'avoir tué Rémi Fraisse, le 26 octobre, lors d'une manifestation contre le barrage de Sivens (Tarn).
"Il est décédé, le mec... Là, c'est vachement grave... Faut pas qu'ils le sachent...", a déclaré un gendarme, quelques minutes après que le corps inerte de Rémi Fraisse eut été récupéré, selon un procès-verbal du 29 octobre où sont retranscrits les propos entendus sur les films réalisés par les gendarmes lors des affrontements, et retranscrits dans Le Monde daté de jeudi.
"C'est bon, il va se relever! Il va se relever, c'est bon!"
Un gendarme
Cette phrase, prononcée à 2h03, suit de peu le tir d'une grenade offensive, entre 1h40 et 1h50, en direction d'un groupe de quatre à cinq jeunes, dont Rémi Fraisse, qui jetaient des pierres et des mottes de terre, selon le PV de la Section de recherches (SR) de Toulouse, cité par Le Monde.
Des gendarmes voient tomber le jeune botaniste de 21 ans après l'explosion et, au milieu des cris, l'un d'eux tente de se rassurer: "C'est bon, il va se relever! Il va se relever, c'est bon!" Mais le jeune militant ne se rélève pas et, à 2h00, un "On y va!" est lancé, faisant sortir un peloton pour récupérer Rémi Fraisse au sol.
"Il respire ou quoi?", s'inquiète un supérieur. L'infirmier de l'escadron tente alors les gestes de premiers secours. A 2h03, un gendarme s'écrie : "Il est décédé, le mec... Là, c'est vachement grave... Faut pas qu'ils le sachent...", selon le PV.
Le service de communication de la gendarmerie, interrogé par Le Monde, assure que le "ils" faisait référence aux manifestants et au fait qu'il fallait éviter qu'ils redoublent d'ardeur en apprenant la mort de Rémi Fraisse.
Le PV cité par Le Monde figure dans le dossier d'instruction de l'enquête judiciaire menée à Toulouse et qui privilégie la piste d'une grenade offensive pour expliquer la mort. Le procureur de la République, à Toulouse, était injoignable en milieu de journée.
La mort de Rémi Fraisse, botaniste bénévole qualifié de "foncièrement pacifiste" par sa famille et ses proches, a suscité de nombreuses interrogations.
La préfecture du Tarn avait annoncé, le 26 octobre dans un communiqué laconique, que les gendarmes avaient "découvert" son corps, laissant entendre que cela n'avait pas eu lieu lors d'affrontements, ce qu'avaient très vite contredit les opposants au barrage.
L'avocat de la famille de Rémi Fraisse, Arié Alimi, a récemment affirmé que les circonstances de sa mort avaient été connues dès les minutes qui avaient suivi le tir de grenade. Le président François Hollande a promis toute la lumière sur les faits.
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