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Une vue prise de la gare de Garges-Sarcelles
Crédit : AFP / Archives, Stéphane de Sakutin
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Le quartier de Lochères, à Sarcelles (Val d'Oise), concentre des dizaines de barres d'immeubles grises et beiges. Elles sont divisées aujourd'hui par communauté. Il y a la tour des Maliens, des Turques, des Pakistanais, des Juifs, ou encore des Marocains.
Ces immeubles étaient pourtant le symbole de l'urbanisation et de la mixité dans les années 60. Avant de vite se transformer en "ghettos ethniques", comme les appelle François Pupponi, le maire socialiste de la ville. Pour lui, tout cela a été sciemment organisé.
"On a fait en sorte qu'ici, il n'y ait que les plus pauvres issus de l'immigration. Après, par facilité, dans une cage d'escalier on mettait une famille de Maliens, puis une deuxième. Quand il y avait deux familles de Maliens, seuls les gens qui étaient maliens acceptaient l'appartement", décrypte l'édile.
"C'est comme cela que ce ghetto a été constitué, ce n'est pas le fruit du hasard", poursuit-il.
Paris est à 10 minutes en RER. Pourtant, ce sont deux pays différents.
Kalid, habitant de Sarcelles
Aujourd'hui, 40.000 personnes vivent dans ces barres d'immeubles. Il est difficile, voire impossible, d'en sortir. Kalid est d'origine marocaine. Il a 41 ans et deux enfants. Il n'ose même plus faire de demande pour changer de logement.
"Si vous cherchez ailleurs, on va vous jeter dans un quartier où il n'y a que dix arabes ou dix noirs. Nous sommes à dix minutes de Paris en RER, mais ce sont deux pays différents", constate-t-il.
Toutes les communautés qui habitent dans le quartier cohabitent plutôt bien, vu les circonstances. Mais depuis quelques années, les différentes communautés vivent de plus en plus entre elles. Elles se mélangent beaucoup moins.
Le quartier Lochères s'est communautarisé. L'environnement social s'est vite dégradé. Daniel vit ici depuis 1968. Il arrivait alors du Nord. Il a vu le quartier évoluer. "Le problème, ce n'est pas la couleur, ni la race, ni la religion. Le problème, c'est la pauvreté", analyse-t-il. "Si les jeunes cassent, c'est parce qu'ils n'ont rien et ne s'attendent à rien".
Manuel Valls a parlé d'une "politique de peuplement" pour lutter contre cette ghettoïsation. À ce stade, cela parait bien compliqué à Sarcelles. Même si la mairie a réussi à faire revenir quelques classes moyennes dans ces quartiers, il s'agit toujours de populations issues de l'immigration.
Ramener de la mixité sociale après quarante ans de mauvaise politique, c'est un véritable casse-tête pour le maire. "Je me refuse à dire à des gens dans cette ville : 'Vous êtes trop pauvres, vous n'avez pas la bonne couleur de peau, il faut de la mixité, donc il faut partir !'", lâche François Pupponi.
Arrêtons d'envoyer les plus pauvres dans ces quartiers
François Pupponi, maire de Sarcelles
Il avertit : "Arrêtons de croire que l'on va réinventer un modèle idyllique où il y aurait toutes les couleurs mélangées". Il demande que l'on arrête d'envoyer les plus pauvres dans ces quartiers.
Pour beaucoup d'habitants, il faudrait déjà arrêter de stigmatiser ces quartiers et leur donner les moyens humains, éducatifs et financiers de se développer comme n'importe quel autre quartier.
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La France aujourd'hui s'interroge douloureusement : comment trois enfants de la République ont-ils pu prendre les armes contre leurs propres compatriotes ?
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