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Le Front national à la conquête des banlieues

REPLAY - La parti va mettre en place un collectif "Banlieues patriotes" pour attirer l'électorat des quartiers sensibles.

Adeline François
Adeline François
Crédit : Maxime Villalonga
Le Front national à la conquête des banlieues
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Adeline François
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Un buste de Marianne  qui porte un tchador à la une du Figaro, avec cette question en gros caractère : "Serons nous encore français dans 30 ans?" Le journal publie en ce matin du 21 octobre "les statistiques jamais publiées sur l'état de la nation française en 2015". L'auteur estime carrément que si on ne renvoie pas massivement les travailleurs immigrés, "le plus démocratiquement du monde, ils s'empareront d'un coup, de villages, de départements, voire de régions entières"...

Il est toutefois inutile de courir en kiosque, car ce Figaro ne peut se trouver en kiosque. C'est en fait celui d'il y a exactement 30 ans. On peut s'amuser à effectuer un retour vers le Futur, puisque c'est le 21 octobre 2015, date à laquelle les héros du film était sensés se propulser. Marti Mac Fly et Doc ne sont pas là et nous sommes toujours français, et le FN drague les musulmans.

Le Front national vise les quartiers populaires

Il y a 30 ans, on n'aurait pas parié sur cette une du Parisien/Aujourd'hui en France, qui décrypte cette nouvelle étape dans la "dédiabolisation" du Front national  à l'occasion de la campagne des régionales. Le parti de Marine Le Pen tente de séduire les électeurs de confession musulmane. C'est ainsi que 600.000 tracts vont être distribués aux habitants des zones dites sensibles avec un encart spécifique à l'adresse de la communauté musulmane, encart au titre évocateur : musulman peut être mais français d'abord! Un collectif "Banlieue Patriotes" devrait également voir le jour  dans les prochaines semaines. Selon Gaël Slimane, de l'institut Odoxa : la stratégie n'est "pas idiote". "Pour conquérir des électeurs, il faut dire qu'on s'y intéresse."

Le journal est allé interroger des musulmans de la cité des Bosquets à Montfermeil en Seine Saint Denis. Certains anciens disent qu'ils vont voter FN. "Au début j'ai cru qu'ils étaient ironiques, mais non ils sont sérieux. Ils en ont ras le bol du bruit et de l'insécurité" explique un militant associatif. Un peu plus loin, Rachid, 28 ans , présenté comme un chômeur syrien chrétien d'orient déclare qu'il veut "voir Marine Le Pen à l'Élysée. Hollande, Sarko c'est des clones. Le FN ils sont les seuls a être ferme". Et puis Nabila, 39 ans : "Je suis musulmane mais je ne trouve pas normal qu'il y ait autant de clandestins qui rentrent." Bernard Cazeneuve, le ministre de l'intérieur s'y rend aujourd'hui : après " l'appel des 800" que publie ce matin Libération

Les clandestins et l'encombrante jungle de Calais

Cinéastes, écrivains, musiciens, comédiens... 800 personnalités en appellent au gouvernement dans une tribune intitulée "Sortez la jungle de Calais de l'indignité". Une indignité qui se résume presque en une image : la jungle de Calais vue du ciel. Des tentes à perte de vue dans lesquels dorment désormais 6000 personnes. L'épidémie de gale est dévastatrice, les abcès dentaires non soignées, les viols des femmes, les ratonnades organisées par des militants d'extrême droite, "jusqu'à quand allons nous nous taire?" disent les 800.

La jungle de Calais, c'est aussi cette vie de bric et de broc racontée par Stéphanie Maurice. Pas d'électricté ni d'eau courante mais des petites échoppes qui se sont multipliées. Certaines sont même devenues des restaurants avec groupes électrogènes où l'on vient recharger son portable et où l'on mange pour trois euros.  Il y a même une école ou des profs bénévoles viennent donner des cours de français et d'anglais. Et un peu plus loin une église évangéliste dont les murs sont en toile, quelqu'un vient d'y peindre dans un pure style naïf, un ange Gabriel.

Bien loin de la Jungle de Calais, la une des Échos ce matin : la légende Ferrari fait son entrée à Wall Street avec une introduction en bourse ce soir à New York. La marque au cheval cabré pèserait 10 milliards pour une production annuelle d'à peine 7000 véhicules. "Doux rêve et dure réalité" écrit David Barroux,