"Human" : quand Yann Arthus-Bertrand rend les écologistes jaloux

Quand il diffuse un film, Yann Arthus-Bertrand aime que ça se sache. Samedi 12 septembre, jour de sa sortie, Human ("humain", en français) sera donc partout à la fois. Il sera projeté à New York dans l'enceinte des Nations-Unies. Le secrétaire général de l'ONU sera au côté du photographe à moustaches pendant les 3h11 de film. Le même jour, on va le montrer à Mostra de Venise et à la Fête de l'Humanité. Un partenariat a été signé avec Google : des déclinaisons du film devraient être également accessibles à partir de la page d'accueil du moteur de recherche.

Fin septembre - début octobre, il sera en prime time sur France 2, suivi d'une nuit spéciale. Pour son film Home, Yann Arthus-Bertrand avait réalisé une projection l'Élysée pour Nicolas Sarkozy. "Mais la salle n'était pas terrible", confiait le réalisateur. Il a donc invité le Président Hollande et tous les ministres du gouvernement au cinéma Le Grand Rex à Paris. Si le chef de l'État vient (ce qui n'est pas gagné), il verra les chanteurs du film.
La grande ambition Human, c'était d'essayer de faire un instantané de l'humanité d'aujourd'hui. Il y a des images vues du ciel au ralenti (la marque de fabrique de Yann Arthus-Bertrand). Mais il y a surtout, cette fois, des témoignages d'hommes et de femmes, face à la caméra sur fond noir. Tout est léché et méthodique chez Yann Arthus Bertrand. Pendant les trois ans de tournage, ses équipes ont interrogés 2.000 personnes.
"On a posé quarante questions identiques à tout le monde : que représente pour vous la famille ?, que voulez-vous changer dans votre vie ?", racontait le réalisateur récemment sur RTL. "Puis on a posé des questions du style : quel est l'événement qui a été le plus dur dans votre vie ? Là, les personnes ont sorti des choses magnifiques sur le sens de la vie : on a tous envie d'aimer et d'être aimé", poursuivait-il.

Un fil fort et consensuel

Yann Arthus-Bertrand assume ce côté un peu naïf. La force des témoignages, sans ajout de commentaire, vous fera sans doute pleurer. On parle de quotidien, d'amour et de violence. De tout en fait, mais aussi de rien.

Ce film, fort mais consensuel, peut-il faire avancer la prise de conscience écologique ? Là-dessus, les avis sont très partagés. "Yann Arthus-Bertrand est à la fois sincère et mégalo", résume par exemple Benoît Hartman, le patron de France Nature environnement. "L'hélicologiste (le surnom donné par ses détracteurs, Ndlr) ne dénonce jamais les coupables", lâche le responsable d'une autre association, qui s'interroge sur le financement du projet par la Fondation Bettencourt et l'affichage soi-disant non marchand du film.
Les activistes de l'environnement regrettent en fait que la puissance de frappe du réalisateur soit mise au service d'un combat qu'ils jugent assez mal ciblé et pas assez efficace.