Trois familles de Kurdes irakiens sont arrivées en voiture au camp de Grande-Synthe lundi 7 mars. Ils sont les premiers migrants à découvrir le nouveau camp pensé et financé par Médecins sans frontières (MSF) et qui a ouvert ce lundi. Avant ils vivaient, comme 1.050 personnes (dont 60 femmes et 74 enfants), dans le camp illégal de Basroch. Les conditions y étaient indignes et surtout les réfugiés risquaient d'être victimes d'inondations.
Le camp de Grande-Synthe est le deuxième plus important de France. Il est situé à seulement 40 kilomètres de la "Jungle" de Calais, mais s'en démarque par plusieurs aspects. C'est le premier camp humanitaire en France à répondre aux normes internationales. En effet, celui-ci comporte des sanitaires, l'électricité, un cuisine collective et l'éclairage public.
On ne veut pas d'une prison à ciel ouvert
Médecins sans frontières et la mairie de Grand-Synthe
À la différence du centre d'accueil provisoire jouxtant le camp de Calais, le camp n'est pas clôturé. "On ne veut pas d'une prison à ciel ouvert", ont martelé MSF et la mairie de Grand-Synthe. Il n'y aura pas non plus de contrôles, ni de prises d'empreintes. Les associations espèrent ainsi convaincre plus facilement les réfugiés de quitter leur campement insalubre.
Le camp sera divisé en six zones, comportant chacune des douches et des toilettes, ainsi qu'un ou deux "espaces de vie : cuisine, école, etc.", a détaillé un responsable de MSF. En tout, quelque 220 cabanons en bois isolés ont été installés. Selon Damien Carême, le maire EELV de Grande-Synthe, 600 à 800 migrants vont emménager dès ce lundi. Le déménagement devrait durer au moins trois jours. À terme, 375 cabanons pourraient être installés, soit une capacité de 2.500 places, selon la coordonnatrice de MSF, Angélique Muller. Le camp a coûté 2,7 millions d'euros. 2 millions ont été financés par Médecins sans frontière et le reste est à la charge de la ville de Grande-Synthe. L'État n'a pas dépensé un centime.
Dès le départ, le gouvernement s'est déclaré hostile à la création d'un nouveau camp. "La politique de l’État n'est pas de reconstituer un camp à Grande-Synthe, mais bien de le faire disparaître" pour offrir des "solutions individuelles" aux migrants, avait indiqué mi-février le préfet du Nord. La négociation, très tendues, a durée des mois. Le maire de Grande-Synthe, Damien Carême (EELV) et MSF ont finalement obtenu l'autorisation pour ouvrir le camp.
À Calais, la population se demande si le nouveau camp de Grande-Synthe contribuera à vider la "Jungle" ou si, au contraire, il attirera de nouveaux migrants rêvant de rejoindre la Grande-Bretagne. Dans le camps de Calais, les travaux de démantèlement de la partie sud ont repris dans le calme pour la deuxième semaine consécutive, a constaté l'AFP.