Comment fonctionne le financement des mosquées en France ?
ÉCLAIRAGE - Manuel Valls souhaite interdire temporairement le financement des mosquées en provenance de l'étranger, afin d'"inventer une nouvelle relation" avec l'islam en France.

Le Premier ministre Manuel Valls se dit, dans un entretien au Monde du 29 juillet, "favorable" à une interdiction du financement étranger des mosquées. Il souhaite, à terme, "inventer une nouvelle relation" avec l'islam de France. Mais les sources de financement de la construction et du fonctionnement des mosquées sur le territoire français sont un sujet sensible et complexe, qui manque de transparence.
Pour financer une mosquée, le culte musulman doit aujourd'hui frapper à une multitude de portes. D'abord, leurs fidèles sont les plus réactifs. Ils représentent 80% du financement des salles de prière. Les pays du Maghreb et du Golfe interviennent, eux, à hauteur de 10 à 15% dans les constructions. Enfin, l'État contribue lui aussi au financement, via des tours de passe-passe administratifs : les collectivités donnent des subventions pour la construction de bibliothèques ou d'école de langue contenues dans les mosquées, mais tout ceci, une fois encore, manque de transparence.
"Le salafisme n'a pas sa place en France"
Au-delà des aides à la construction, le plus problématique est le financement de ce qui permet de faire fonctionner les mosquées, et notamment la mise à disposition d'imams. "C'est sans doute à travers ces imams que le poids de la puissance étrangère est le plus important", explique Hervé Maurey, sénateur UDI, auteur d'un rapport publié en 2015 sur le financement du culte musulman. Ce dernier préconise de s'intéresser davantage au "fonctionnement au quotidien à travers les imams, dont on ne sait pas très bien ce qu'ils prêchent" et qui, selon lui, "mériterait d'être encadré".
Dans son interview au Monde, Manuel Valls formule, dans le même sens, le souhait "que les imams soient formés en France et pas ailleurs". "Il faut être intraitable avec les mises en cause de la laïcité, les idéologues intégristes, et tous ceux qui, sous couvert d'un discours fondamentaliste, préparent les esprits à la violence. Le salafisme n'a pas sa place en France", insiste-t-il. Le Premier ministre rejoint la position de certains imams français, selon lesquels certains imams formés à l'étranger ne parviennent pas à capter l'attention des jeunes fidèles, récupérés ensuite, à la sortie des mosquées, par des prêcheurs aux doctrines extrémistes.
À court terme, même si la plupart des mosquées sont financées par les fidèles français, suspendre les financements étrangers risque d'avoir un impact notamment sur certains chantiers en cours. Parmi ces chantiers figurent ceux de Marseille, dont le financement n'est pas bouclé, et de Mulhouse, en plein chantier grâce, là encore, à des financements étrangers.
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