Cancer du sein : enquête ouverte sur le docétaxel après le décès de trois femmes

Le docétaxel est-il dangereux pour la santé ? Une enquête de pharmacovigilance a été ouverte en septembre 2016 sur les médicaments contenant cette molécule, a annoncé dans un communiqué l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). En cause : le décès de trois femmes qui étaient soignées pour un cancer du sein. L'enquête est actuellement "en cours de finalisation" et sera présentée le 28 mars prochain à un comité technique de l'agence. Comité qui ne recommande pas l'arrêt des médicaments contenant cette molécule.  

Dans un courrier adressé aux professionnels de santé, l'ANSM écrit qu'"aucune recommandation n'est formulée à date en l'absence d'éléments complémentaires d'investigation permettant d'évaluer le rapport bénéfice/risque dans le cadre du traitement du cancer du sein". L'agence estime qu'avant d'envisager un retrait du marché du docétaxel, une évaluation poussée est nécessaire.

Selon les propos de son directeur général, Dominique Marin, les analyses menées jusqu'à présent "ont montré qu'il n'y aurait pas de problématique qui serait liée au fait que le générique serait différent du princeps [le médicament initialement commercialisé sous une marque spécifique, ndlr], dans sa concentration ou autre chose. Il n'y a pas de différence, il est tout à fait dans les normes", a-t-il ajouté. Cependant, il souligne qu'une autre molécule, le paclitaxel, peut être considérée comme une alternative dans certains cas. 

Un médicament représentant 50 % du marché

L'agence précise par ailleurs que deux autres décès de patientes ont été signalés, et ce depuis l'ouverture de l'enquête. Au total, six femmes traitées par docétaxel ont été victimes d'inflammation simultanée des muqueuses de l'intestin grêle et du côlon, une condition connue sous le nom d'entérocolites. Cinq d'entre elles sont décédées, d'où l'ouverture de cette enquête. Les six patientes, atteintes d'un cancer du sein, étaient âgées de 46 à 73 ans. Selon l'ANSM, le docétaxel n'est pas utilisé que dans le traitement de ce cancer. La molécule est également présente dans les médicaments traitant les cancers de la prostate, du cancer gastrique et des voies aéro-digestives supérieures. Cette molécule est la plus utilisée par le centres de lutte contre le cancer, et représente quelque 50 % du marché.

Près de 50.000 nouveaux cas de cancer du sein invasif, le plus fréquent chez la femme, sont diagnostiqués en France chaque année. S'il est dépisté à un stade précoce, la patiente peut être guérie dans neuf cas sur dix. Selon Publique France, il entraîne tout de même la mort de 12.000 femmes par an dans l'Hexagone.